La Bulgarie est rapidement venue en aide à la Turquie voisine touchée par un séisme avec déjà trois vols d’avions « Spartan » transportant divers produits et équipements nécessaires. La société civile a pour sa part réagi avec des campagnes de dons pour les victimes en Turquie et Syrie. L’éditeur Manol Peykov, qui avait déjà été à l’origine d’une campagne d’envoi de générateurs à l’Ukraine, a collecté 150 000 euros en moins de 24 heures. D’autres initiatives caritatives ont été lancées par la Croix-Rouge bulgare, Lazar Radkov de « Capsules pour l’avenir », les fondations Gorata.bg et BCause, le Réseau national des enfants, l’UNICEF et l’International Rescue Committee qui travaillent en Syrie et le Programme alimentaire mondial. En outre des équipes de secouristes et des bénévoles sont partis en Turquie.

La docteure Elissavéta Guentchéva, qui a vécu la tragédie des gens lors du précédent séisme majeur en Turquie en 1999 comme médecin d’hôpital de campagne, est de nouveau prête à apporter son aide. Elle approuve ce qui a été accompli jusqu’à présent pour notre voisine du Sud-Est.

« Ce que l’État bulgare a très bien organisé est l’envoi de secouristes et de bénévoles pour dégager des gens ensevelis sous les décombres », dit-elle sur la RNB. « Les équipes de chirurgiens et de psychologues sont tout aussi importantes pour ceux qui ont subi de lourds traumatismes physiques ou émotionnels. Voilà pourquoi les spécialistes qui se rendent là-bas doivent être motivés et leurs actes doivent faire ressentir leur compassion. »

La tragédie près de chez nous nous fait réfléchir à notre propre situation en cas d’un tel séisme. « En Bulgarie la capacité de réaction à des tremblements de terre puissants est égale à zéro », déclare l’ingénieur en bâtiment Dimitar Koumanov.

« Il y a fréquemment des lacunes et des compromis avec les normes de sécurité, y compris dans la construction de nouveaux bâtiments », dit-il sur la chaîne NovaTV. « En ce qui concerne les immeubles en préfabriqué, ils sont très bien conçus pour résister à des secousses sismiques. Le problème est que certains sont transformés en gruyère par leurs habitants avec d’innombrables réparations, rénovations, perforations de cloisons et parfois même l’abattage de parois intérieures. Cela est très néfaste et personne n’est actuellement en mesure de dire quel est le niveau de sécurité de tel ou tel immeuble de ce type. »

Dimitar Koumanov rappelle que les immeubles doivent faire l’objet d’une inspection minutieuse et être certifiés sécurisés, mais doute que ce soit le cas de tous les hôpitaux, par exemple. « Ces inspections sont souvent une grosse arnaque : on se contente de faire un copier-coller des documents nécessaires et on change la photo de l’immeuble », dit-il. A ses dires c’est une procédure de pure formalité, parce que personne ne se donne la peine de vérifier quels changements ont été apportés aux structures intérieures des bâtiments par leurs habitants et on ne fait donc que jeter de l’argent par les fenêtres.

L’ingénieur refuse de se prononcer sur ce qui pourrait nous arriver en cas de séisme de grande magnitude, mais souligne : « Si l’État prend les mesures qui s’imposent, des milliers de vies pourront être sauvées avec peu d’argent. Et avec un peu plus d’argent, on pourra aussi sauver de nombreux bâtiments. »

Edition : Diana Tsankova

Version française : Christo Popov