Après sa dernière master class, qu’elle a donnée en octobre au Conservatoire national de Musique « Pancho Vladiguérov », la grande chanteuse d’opéra bulgare, AnnaTomova-Sintova est de retour en Bulgarie, alors qu’elle passe sa vie à chanter sur les plus prestigieuses scènes mondiales. Cette fois-ci, elle est chargée de la formation des interprètes de l’Opéra de Sofia, qui chanteront lors de la première de « Don Juan » de Mozart. Mais avant cet évènement, les mélomanes sont invités à une exposition qui lui est consacrée et que nous présente la musicologue Magdaléna Manolova :
Le 7 avril, dans le hall de l’Opéra de Sofia, sera organisée une exposition de 120 photos qui couvre les 55 ans de carrière d’Anna Tomova-Sintova, suivie d’un débat sur scène en présence de la diva que j’animerai moi-même, parallèlement à une projection de séquences avec ses plus grands rôles. Une telle exposition a déjà été montrée à Vienne et nous avons décidé qu’elle devait aussi être aménagée pour le public bulgare. C’est une personnalité remarquable à la carrière artistique phénoménale…
Connue pour sa brillante présence artistique et son riche répertoire, dans les années 70 du siècle dernier, Anna Tomova-Sintova est reconnue comme la meilleure interprète des airs de Richard Strauss. Grâce à sa longue coopération avec les plus grands chefs d’orchestre de notre époque, dont Herbert von Karajan, elle acquiert une maestria remarquable. Sinon, elle dit avoir toujours mené une vie normale, entourée de l’amour de sa famille qui la soutient inconditionnellement.
Je suis restée fidèle à moi-même, nous confie Anna Tomova-Sintova. – Mon père enseignait la physique et l’astronomie au lycée, il était un passionné de la nature, et ensemble nous avons conquis plus d’un sommet de nos montagnes. J’étais dans sa classe au lycée et ma même était choriste à l’opéra de Stara Zagora. Chez nous, le 24 mai était un jour sacré. Nous étions tout le temps en répétitions ou à des spectacles à l’occasion de la fête de l’alphabet slave et de la culture bulgare. C’est sûr que les difficultés ne manquaient pas dans les années d’après-guerre, mais le moral était bon à la maison ! Nous étions élevés dans l’esprit du positif. J’ai été très influencé par mon professeur de piano, qui m’a inculqué le sens des responsabilités et l’amour du travail consciencieux. L’amour du prochain aussi que je transmets à mes interprétations. Parfois, dans nos sociétés contemporaines, l’égoïsme est très fort et il étouffe la loyauté et le respect. Je me suis donc beaucoup inspirée des sages d’Orient, sans pour autant verser dans le fanatisme. Le spirituel doit tout naturellement guider notre vie et la rendre meilleur, une mission difficile pour nous tous mais qui le vaut bien. Herbert von Karajan disait que j’avais nos seulement le sens de la musique, mais que je réussissais aussi à « passer la main » et à transmettre toute cette profondeur qu’elle m’apportait. Et je lui ai promis à l’époque, je chanterai tant que je le pourrai ! Grâce à mon travail de pédagogue, j’ai aussi un contact très fort avec les jeunes interprètes, qui cherchent mon aide et mon soutien…
Sa première scène est celle de l’opéra de Stara Zagora. Elle n’a que 4 ans et incarne le rôle de l’enfant de Madame Butterfly de Giacomo Puccini, le même rôle qu’elle confie à sa fille, Silvana Sintow, des années plus tard, et qui se souvient :
Petite, j’adorais la « Traviata » et « Madame Butterfly », c’étaient mes opéras préférés ! Et j’ai effectivement interprété le rôle de l’enfant dans « Madame Butterfly ». Ma mère, quant à elle, était Léonore dans le « Trouvère », Abigaïllede « Nabucco » ou encore Desdémone de l’opéra « Otello » de Verdi. Et comme ces héroïnes finissaient toujours par mourir, je pleurais tout le temps. Jusqu’à l’âge de 18 ans, j’ai voulu faire chanteuse et j’étudiais à l’Ecole de musique à Berlin. Mais finalement, je suis devenue comédienne, comme mon père… Pendant 3 ans, j’ai joué à Londres, avant d’être embauchée dans une grande maison de disque en tant que chargée des relations publiques. Plus tard, j’ai été mutée à Paris et j’avais en charge les interprètes et les chefs d’orchestre, surtout Daniel Barenboim. J’ai travaillé à ses côtés pendant 8 ans, avant de créer ma propre agence de communication où je travaille avec mon mari, qui est le fils d’une autre grande chanteuse Hildegard Behrens. Notre fille souhaite devenir chanteuse à son tour et notre fils est pianiste…Les chiens ne font pas des chants…
Silvana Sintow nous a informé que les enregistrements qui pourront être visionnés le 7 avril sont très peu connus, voire inédits, et font partie des archives personnelles d’Anna Tomova-Sintova.
Photos: archives personnelles et Albéna Bézovska
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