Un des grands réalisateurs d’Hollywood Ted Kocheff, est de nouveau à Sofia. Il a grandi au Canada dans la famille de immigrants bulgares. Il termine des études en lettres anglaises à l’Université de Toronto et à 24 ans il devient le plus jeune réalisateur de la СВС – Canadian Broadcasting Corporation. Ted Kocheff a signé des titres emblématiques comme l’Apprentissage de Duddy Kravitz qui lui apporte un Ours d’Or à Berlin et une nomination pour les Oscars pour scenario. Il participe deux fois à la compétition pour la Palme d’Or à Cannes.

Le réalisateur vient en Bulgarie pour la deuxième fois sur invitation du Sofia Film Fest. Il confie que la capitale bulgare était toute différente au temps du communisme et que maintenant le centre ville est très joli. Kocheff parle également de son amitié avec le grand érudit bulgare Petar Ouvaliev, alias Pierre Rouve  - un producteur de films, un réalisateur et un metteur en scène, un enseignant, un écrivain et traducteur. Ouvaliev avait produit un très beau film d’Antonioni qui, bien que très beau, était trop long et devait être coupé. Et le grand Antonioni a pris en compte toutes les propositions de Ted Kocheff à l’âge de 28 ans à cette époque. Kocheff n’a toujours pas oublié ses mots: „Nous en Italie nous ne considérons pas que le dialogue soit aussi important que vous le croyez à Hollywood. Pour nous les films sont des tableaux, des visages et le dialogue doit être laissé au théâtre.” Aujourd’hui Ted Kocheff avoue que quand il écrit des scenarios il s’efforce de peindre des toiles.

„Moi ce qui m’intéresse ce sont les voyages vers soi-même, les gens qui ne se connaissent pas. Mes films sont souvent liés à ce sujet, au chemin vers cette connaissance. Comme par exemple dans le film Réveil dans la terreur où le principal personnage croit qu’il est différent des autres. Mais à un moment donné il réalise que nous tous nous sommes dans un même canot existentiel. Il en va de même pour le film L’Apprentissage de Duddy Kravitz où il y a un moment où on adresse au personnage principal les paroles suivantes : qu’est-ce que tu as à courir partout comme ça, tu ne peux pas t’arrêter sur place, tu es comme si tu avais une taupe dans tes culottes. En fait mon chemin dans la vie ressemble beaucoup à cela. Je ne savais pas de quoi je suis capable, je ne savais pas à quel point je suis influencé par mes origines, je ne savais pas jusqu’où je pouvais aller.” 

Depuis des décennies Ted Kocheff rêve de tourner un film sur le sauvetage des Juifs bulgares des camps de la mort au temps du règne du tsar Boris ІІІ.

 „Il est vrai que cela fait 40 ans que je rêve de faire un tel film et de le montrer. Mais quand je parle de cette histoire à Hollywood personne ne me prend au sérieux. On me dit que si cette histoire avait été vraie on aurait assurément entendu parler d’elle. Ce n’est pas possible, mais c’est vrai. En fait j’ai commencé à écrire le scenario, j’ai eu beaucoup d’entretiens avec la famille royale, avec Maria-Louisa, la sœur de Siméon, avec Siméon lui-même, avec son neveu Herman. Finalement, après quelques versions, ce scenario est prêt. Maintenant je cherche de l’argent.”
 
Le réalisateur compte sur des subventions canadiennes, en plus de cela il a décidé de se faire naturaliser bulgare. Et après avoir obtenu le passeport bulgare il pourrait demander du financement européen. « Tandis que nous, les Bulgares, on aura un réalisateur qui a remporté l’Ours d’Or à Berlin », souligne le directeur du Sofia Film Fest Stefan Kitanov.

Lors de l’inauguration du forum cinématographique Ted Kocheff a reçu le Prix de Sofia pour sa contribution à l’art cinématographique. Un jour plus tard il a obtenu la médaille Le Siècle d’Or du ministère de la Culture.
 
Version française: Vladimir Sabev