« Sur Blaga Dimitrova, j’ai entendu des gens dire qu’elle représentait une sorte de malentendu : une femme, en plus poétesse et dotée de tant de discernement ! Ses critiques l’accusent d’esprit spéculatif et d’inventer des histoires ». C’est ce que Julia Krasteva écrit en 1963 à propos de la grande poétesse et romancière bulgare qui ne laisse personne indifférent. Le penchant idéaliste et réflexif de l’écrivaine ne plait pas aux critiques littéraires officiels du régime. Elle s’autorise de s’écarter des dogmes du socialisme réaliste et de son devoir de décrire la réalité telle qu’elle est.
Toute au long de sa vie, Blaga Dimitrova, née en 1922, décédée en 2003, rejette fermement le dictat des doctrines politiques et des canons littéraires. En 1988 elle décide de sortir sur la scène de la vie publique, non plus seulement comme écrivaine, mais comme citoyenne active. Elle devient une des fondatrices du Comité de défense écologique de Roussé et du Club de soutien de la glasnost et perestroïka. Elle entre ainsi dans des activités de dissidence politique. Elle participe aussi au fameux petit déjeuner avec François Mitterrand qui, lors d’une visite officielle à Sofia en 1989, avait tenu à recevoir les dissidents au régime à l’Ambassade de France.
Après le 10 novembre 1989, lorsque commence la transition démocratique, Blaga Dimitrova est parmi les intellectuels qui soutiennent la nouvelle formation politique l’Union des forces démocratique (UFD), qui était le premier grand parti rassemblant les opposants au communisme, communément appelé les Bleus. Alors, tous ces intellectuels espéraient un changement profond, une juste réévaluation du passé et le jugement des responsables de la catastrophe économique dans le pays.
EN 1991, Blaga Dimitrova devient député UFD à l’Assemblé nationale et une année plus tard, la première vice-Présidente démocratiquement élue dans l’histoire bulgare, aux coté du Président Jeliou Jélév. Dans cette période, certains l’accusent d’avoir participé à l’instauration du « totalitarisme bleu ». Voici sa réponse, diffusée sur les ondes de la RNB.
« Chers compatriotes, je n’interviens pas pour des raisons de campagne électorale, non plus pour répondre à des accusations et intrigues, non plus pour proliférer moi-même des accusations et anathèmes. La seule chose que je ne peux laisser passer sous silence, ce sont les coups portés sur cet espoir pur et saint qui habite les gens. C’est l’espoir de renaissance de notre pays. Certains osent jeter une ombre sur notre jeune démocratie, en nous accusant de « totalitarisme bleu ». Je leur demande, qui aujourd’hui est tué ou jeté en prison sans jugement et sentence, comme les milliers de victimes après le 9 septembre 1944 ? Qui a été expulsé de sa maison pour installer chez lui les nouveaux maitres ? Qui aujourd’hui est envoyé dans un camp de concentration comme avant, lorsque des milliers de gens ont perdu leur vie, leur santé, leur famille sous les coups d’un régime cruel. Où est donc, ce totalitarisme bleu ?».
L’été de 1992, Blaga Dimitrova entre en conflit ouvert avec le Président Jeliou Jelev. La raison ce sont les critiques que le Président fait publiquement au gouvernement « bleu » de Filip Dimitrov. Elle reste fidèle à ses amis de l’UFD et met en garde le Premier ministre contre les intentions du Président de se débarrasser de ce gouvernement. Mais Filip Dimitrov ne lui croit pas. Après un vote de confiance au parlement, le gouvernement de Filip Dimitrov doit effectivement démissionner, pour laisser la place au cabinet d’experts de Luben Berov, élu avec les voix du Mouvement des droits et des libertés et du Parti socialiste. Alors, Blaga Dimitrova décide de démissionner de la fonction de vice-Présidente. Voici un extrait de la déclaration de Jélou Jélév, au sujet de cette démission :
« Je pense qu’elle a commis une grande erreur politique, probablement parce que c’est une littéraire, avec sa manière de voir les choses. Mais elle a ainsi permis au Conseil de coordination de l’UFD de l’utiliser comme un jouet politique. Je pense que tous les deux avec elle, nous aurions pu faire encore beaucoup de choses pour la démocratie en Bulgarie. Pour ce qui est de notre amitié, j’espère que nous l’a garderons à l’avenir ».
Mais cette amitié ne renait pas des cendres du politique. En 1999, l’auteure des romans « Déluge » et « Visage », du recueil de poèmes « Labyrinthe », quitte définitivement la politique, dégoutée de ses mensonges et hypocrisie. Blaga Dimitrova nous a quittés après un longue maladie le 2 mai 2003. Elle nous a laissé en héritage non seulement son œuvre littéraire, mais aussi son honnêteté et humanité.
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