Le Président Rossen Plevnéliev doit sans doute se sentir déçu et incompris, après que le Parlement ait rejeté les deux questions les plus importantes de sa proposition de référendum à trois questions sur la réforme du système électoral. En effet, les questions non-approuvées portaient, la première, sur l’introduction de l’élément majoritaire dans le scrutin électoral et l’autre sur le vote obligatoire. La question retenue est la moins pressante, celle du vote à distance par voie électronique.
Le problème du mode de scrutin est en effet depuis longtemps à l’ordre du jour et il était important de demander aux citoyens s’ils n’étaient pas en faveur de plus d’éléments majoritaires. C’est quand même nous qui devons décider de quelle manière élire nos représentants. Actuellement, la majorité des députés sont élus au scrutin proportionnel et les sièges sont répartis à partir de listes préparées dans les QG des partis politiques, selon des règles qu’on ne comprend pas très bien. Dans le meilleur des cas, les électeurs reconnaissent le nom du premier classé sur la liste. Les appareils des partis distribuent les places dans leurs listes selon le principe du mérite, des calculs et des rapports de force internes pour le moins opaques. Et comme c’est dans l’intérêt de députés actuels de tous les partis, ils ont voté comme un pour rejeter le scrutin majoritaire.
La question du vote obligatoire s’est révélée aussi brûlante. Déjà, on peut se demander comment est venue l’idée de poser cette question. La vérité c’est que pour certains, le vote obligatoire représente un instrument politique contre le vote monnayé, dont on connait l’importance à la veille de chaque élection. Le Mouvement des droits et libertés (MDL), qui représente la minorité turque est farouchement contre pour une raison évidente : si beaucoup plus de citoyens votent, les élus de ce parti ethnique qui dispose d’un nombre d’électorat fixe vont diminuer en proportion. Les députés du Partis socialiste de leur côté ont déclaré qu’obliger les citoyens à voter n’a pas beaucoup de sens, si l’abstention n’est pas accompagnée de sanctions. Le vote s’est déroulé dans l’absence de la plupart des députés, qui appartenaient à des formations politiques, a priori prêts à soutenir le Président.
Comme d’habitude, le Premier ministre a grondé tout le monde devant les médias, c’est pourquoi probablement ce jeudi, 223 députés étaient présents pour l’élection du nouveau Défenseur des droits. Et là encore, coup de théâtre, qui a laissé abasourdi le public bulgare. Les députés ont élu pour médiateur de la République la députée socialiste Maya Manolova dont la réputation est d’être tout sauf diplomate et objective dans ses prises de position. Ainsi, en l’espace de deux semaines le Parlement a réussi à saper deux réformes électorales-clés et une institution essentielle – celle du Défenseur des droits citoyens. L’éléphant a une fois de plus accouché d’une souris...
Version française : Miladina Monova
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