Lorsque la conscience n’est pas entachée par les préoccupations banales du quotidien, elle laisse s’exprimer l’âme baignant dans la lumière de l’infini…La beauté du monde qui nous entoure devient alors plus lumineuse et les personnes que nous croisons sur notre chemin nous paraissent plus proches et agréables. Notre cœur semble s’ouvrir à l’amour et la vie semble acquérir un sens nouveau… Nous comprenons alors que nos soucis de terriens ne sont rien d’autre que des épreuves qui nous rendent plus forts et qui nous aident à juger les choses à leur juste valeur.

Tel est le sens du carême qui commence 40 jours avant la Nativité du Christ et qu’il convient de prendre au sérieux à son niveau le plus profond possible, c’est-à-dire comme un appel spirituel qui demande une réponse, une décision, un plan, un effort continu. Et il ne s’agit pas seulement du jeûne alimentaire qui tout seul n'a aucun sens, bien sûr, et qui doit être lié à une lutte plus particulièrement concentrée sur nos passions. Bref, le carême est un moment privilégié pour faire le point sur sa vie, pour tenter de faire régner l’harmonie entre le corps et l’âme…

Nous avons rencontré l’évêque Tihon, supérieur de la basilique « Saint Alexandre Nevski » de Sofia qui nous donne son éclairage de la profonde signification du carême :

« Nous sommes au début du carême de Noël et ils sont nombreux à nous poser la question de ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Et je leur réponds, évitez de manger de la viande. Le poisson, lui, est autorisé certains jours, mais encore une fois le carême ne se réduit pas au simple régime alimentaire. L’important est que nous sachions que cette période de jeûne et d’abstinence est censée nous préparer pour accueillir comme il se doit la Nativité du Christ. Si le fils de Dieu est venu au monde dans une crèche, au fond d’une grotte, c’est qu’il voulait rester modeste et proche des humains. Pendant de longues années, nous avons essayé de croire que nous étions tous égaux, ce qui est faux. Certains d’entre nous sont plus intelligents, d’autres se laissent guider par la bêtise, il y a aussi ceux qui sont pauvres et ceux qui sont riches…Nous ne sommes égaux que devant Dieu, qui se soucie autant de l’âme d’un professeur que de celle du dernier des voleurs. Tout cela nous incite à embrasser les valeurs démocratiques, car à partir du moment où chacun de nous est égal devant Dieu, nous devrions aussi disposer des chances égales de forger notre destin. »

Nous prononçons souvent le mot « humilité » pendant la période du carême. D’après le père Tihon, il ne faut pas se prendre au sérieux et essayer d’être ce que nous sommes, ce qui nous a été donné par Dieu et que nous devons préserver. Car rien n’est acquis…

« Pendant cette période qui précède la venue au monde du Christ pour nous guider et nous aider à nous affranchir de notre péché originel, nous devons éveiller nos sens pour prendre conscience de ce message et du sens profond des choses. Car ce que Dieu nous demande c’est tout simplement d’apprendre à aimer. Aimer, pour que notre gagne-pain ne soit pas une corvée. Car si Jésus est venu sur terre, c’est pour nous aider et nous apprendre à relativiser. Pour que la douleur de l’enfantement soit vite oubliée par la maman heureuse. Nous préparer à aimer, telle est la signification du carême…Ouvrir son esprit et son cœur aux autres et à la joie de la communication, plutôt que de cultiver son petit égoïsme. Essayer d’ouvrir les yeux sur ce qu’on a laissé passer sans trop lui prêter attention. Je souhaite à tous les chrétiens d’éviter de succomber à la tentation de commercialiser cette fête. Pas besoin d’offrir des choses dont personne n’a besoin, juste pour afficher son aisance matérielle. La richesse est une question d’esprit, de courage, de sincérité et de savoir aimer… »

Version française: Sonia Vasséva