La campagne des élections européennes à peine terminée et voilà que de nouvelles élections se profilent à l’horizon – des élections législatives nationales. Et dans chaque compétition politique il y a deux éléments primordiaux – les messages des partis politiques d’une part et la médiatisation de la campagne d’autre part.

« Il semble que l’influence sur le vote échappe aux médias ce qui pose un grand problème car si l’influence n’est pas opérée par les médias, elle reste dissimulée », dit le président du régulateur bulgare des médias Guéorgui Lozanov dans son analyse sur la campagne électorale passée. Selon lui, le nouveau tour doit se dérouler dans un cadre réglementaire nouveau qui va restaurer le rôle des médias.

La médiatisation des élections européennes en Bulgarie a aussi fait l’objet d’analyse par la fondation allemande Konrad Adenauer qui a présenté l’environnement médiatique bulgare en période électorale sous un angle intéressant.

« La couverture médiatique des élections en Bulgarie était privée de confrontation exacerbée comme c’était le cas dans des années précédentes », a constaté Christian Spahr, responsable du programme médiatique de la fondation Konrad Adenauer dans un entretien accordé à Radio Bulgarie. « Malheureusement le débat européen était le grand absent dans les médias bulgares. La campagne a été dominée par des sujets politiques internes mettant de côté les enjeux européens. »

Le rôle des médias pendant la compétition électorale est souvent d’importance capitale pour informer les électeurs. Toujours est-il que les médias bulgares tout comme les hommes et les femmes politiques n’ont pas clairement séparé les élections européennes du vote national. Où est le problème ?

« Le manque d’analyses approfondies en est le principal problème », estime l’expert Christian Spahr. « Les auditeurs, les téléspectateurs et les lecteurs devraient être en mesure de faire leur choix en connaissance de cause grâce à des avis et des analyses variés sur des sujets européens présentés dans la presse. La Bulgarie est membre de l’UE depuis peu de temps et son intégration est toujours en cours. Pour cette raison des informations supplémentaires sur l’UE, ses priorités, ses institutions et ses compétences sont nécessaires. C’est là qu’il y a une lacune car les conditions de travail des journalistes ne sont pas propices à la réalisation d’investigations journalistiques. »

Selon Christian Spahr c’est également le cas dans d’autres pays européens.

Quels sont les sujets qui n’ont pas fait leur apparition dans la couverture médiatique de la campagne des élections européennes ?

« À commencer par la place de la Bulgarie dans l’UE. Il y a en plus un grand nombre de questions géopolitiques qui méritent une réflexion comme par exemple les relations entre l’UE et la Russie et les intérêts bulgares, quelle politique énergétique européenne répond aux intérêts de la Bulgarie et est-ce que la Bulgarie arrive à absorber les ressources de l’Union. »

Côté financier, l’année 2014 s’annonce juteuse pour les médias en Bulgarie. Le vote européen qui sera probablement suivi d’élections législatives nationales est source des revenus non négligeables grâce à la publicité politique. Est-ce que les médias bulgares respectent scrupuleusement le principe de distinction entre les reportages payants et le flux d’informations objectives ?

« Notre analyse a démontré une violation du principe de distinction claire entre les reportages payants et le contenu rédactionnel consacré aux élections. En principe le manque de transparence sur les modalités de financement des médias en Bulgarie est un problème grave qui ne date pas d’hier. Pour remédier à cette faiblesse il faut engager la volonté et les efforts conjoints des politiques et des médias car l’autorégulation médiatique est la pierre angulaire dans la solution du problème. »