Selon les dernières données, 90 % des Bulgares qui partent en Allemagne sont des jeunes gens qui font des études ou qui y travaillent. Les Roms qui ne parlent pas la langue du pays, n’ont pas de job et sont une charge pour le système social, ne représentent que 5 %. À l’heure actuelle on ne peut pas non plus parler de fuite des cerveaux de la Bulgarie. « C’est un phénomène qui a touché la population bulgare surtout pendant les quelques premières années après la chute du communisme en 1989. 11,5 % des Bulgares, surtout des personnes diplômées ont quitté le pays. De nos jours, ce sont pour la plupart des étudiants qui vont en Allemagne et dont l’économie allemande a besoin », a souligné Daniéla Bobéva. Pour pallier au manque de main d’œuvre, le gouvernement bulgare envisage d’organiser des stages en ligne dans l’administration et de stimuler le business bulgare à recruter des étudiants bulgares qui ont fait leurs études à l’étranger.
L’émigration bulgare a aussi des effets positifs sur la Grande-Bretagne et sur les autres pays européens même si l’on assiste ces derniers temps à des campagnes négatives contre les citoyens bulgares. Aux dires de Daniéla Bobéva les accusations ne sont pas fondées et font l’objet d’une récupération politique :
« On n’a pas assisté à une vague d’émigration massive au Royaume-Uni depuis le 1 janvier 2014 c’est-à-dire depuis l’introduction de la libre circulation pour les Bulgares et les Roumains. Le problème c’est que les accusations font naître des préjugés au sein des sociétés occidentales. J’espère que le climat tendu va s’apaiser petit à petit s’il y a suffisamment d’information à disposition des gens. Le pays d’accueil a toujours intérêt à ouvrir son marché du travail aux spécialistes et aux personnes qualifiées. Mais quand il est question d’accueillir des personnes pas si brillantes, là tout le monde est réticent. C’est inacceptable. Tous les citoyens de l’Union sont égaux en droits. On ne peut pas faire deux poids deux mesures. Et c’est valable pour la Bulgarie comme pour l’Union européenne. Les États sont censés faire un maximum d’efforts en vue de l’intégration des Roms. C’est un problème européen qui nécessite des solutions européennes. »
Nous avons également recueilli la position de Krassen Stantchev, fondateur de l’Institut de l’économielibérale. Il est catégorique que l’émigration a des atouts incontestables pour l’Union.
« J’estime que l’émigration n’est pas un problème et que le débat sur l’émigration n’a pas lieu d’être. La migration en général apporte des bénéfices pour toutes les parties. Au contraire, la thèse sur les effets négatifs de la migration n’est pas appuyée par des données économiques concrètes. Quant à la fuite des cerveaux, c’est plutôt la mise en fonctionnement d’un marché unique et ouvert qui permet aux citoyens d’investir dans leur qualification et leur épanouissement personnel et professionnel. En Bulgarie cette tendance a pris fin en 2009. Aujourd’hui on parle de libre circulation de travailleurs, des travailleurs qui tôt ou tard vont retourner. En plus nos émigrés sont une source d’investissements importants dans le pays et il faut en tenir compte. »
Toujours est-il que le problème de l’intégration des Roms persiste. Quelle en est la solution ?
« La politique unilatérale des gouvernements centraux n’est pas une bonne chose, dit Krassen Stantchev. Les programmes d’intégration des Roms ne sont autre qu’une discrimination à l’égard d’un groupe de citoyens. Et cela ne doit pas être le cas. C’est un problème qui doit être réglé sur le terrain car il touche au respect des règles communautaires. »
Version française : Krassimir Koprivenski
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