Le premier ministre Boïko Borissov a accordé un B (un 5 selon le système bulgare gradé de 2 à 6) à son gouvernement depuis sa prise de fonctions, il y a tout justement 100 jours. Parmi ses succès, Borissov a discerné la stabilité financière de l’économie bulgare et la restauration de la confiance de Bruxelles, ce qui a ouvert le robinet des fonds européens. Borissov s’est également félicité de l’excédent budgétaire de 4 millions d’euros dégagé par son gouvernement au mois d’octobre. Les réactions des dirigeants des différents partis politiques par rapport aux promesses électorales du parti au pouvoir vont d’un extrême à l’autre ; certains saluent les efforts du gouvernement, d’autres le dénoncent à la ronde.
Ainsi Ivan Kostov, co-président de la Coalition bleue de droite et dirigeant des Démocrates pour une Bulgare forte, a estimé que le plus grand succès du gouvernement était de regagner la confiance de l’électorat, ce qui d’après lui constitue un élément essentiel à la sortie de crise. Ses partenaires politiques au sein de la Coalition bleue, les FDU, n’en sont pas convaincus. Martin Dimitrov, président du parti, a voulu savoir pourquoi les mauvais dirigeants mis en place par le gouvernement précédent n’ont pas été écartés. Dimitrov a averti le parti de Borissov GERB que s’il ne s’y mettait pas, les répercutions sur GERB seraient négatives. Le parti nationaliste Ataka a pour sa part réaffirmé son soutien inconditionnel à Boïko Borissov.
Les réactions des socialistes sont à l’autre bout du spectre. L’ancien ministre des Finances Plamène Orecharski a affirmé au nom du Parti socialiste qu’aucune promesse électorale n’a été tenue. L’ancien gouvernement a accordé un F+ au gouvernement (2,5/6) en accusant les actuels tenants du pouvoir d’avoir perdu trois mois et demi en revanchisme.
Quels sont les mérites du gouvernement Borissov 100 jours après sa prise de fonctions ?
Borissov dispose d’un soutien international. Il a rencontré le président français Nicolas Sarkozy à Paris, alors que son homologue italien Silvio Berlusconi s’est rendu à Sofia. Des représentants de la Commission européenne n’ont pas non plus caché qu’ils avaient confiance en lui. Les fermes intentions de Borissov de combattre la corruption ont restauré la confiance des institutions européennes envers la Bulgarie. Cela a conduit au déblocage des fonds européens et à l’octroi d’une enveloppe supplémentaire de 300 millions d’euro pour la fermeture des réacteurs de la centrale nucléaire de Kozlodouy. Le gouvernement a entrepris de passer en revue le mandat du gouvernement précédent, ce qui a mis la lumière sur des abus de haut niveau. Des réformes au sein du Service des douanes et de l’Agence nationale sur les revenus ont également eu lieu. Le lancement de projets d’infrastructure afin de remédier au secteur du bâtiment et des travaux publics a été accéléré. Le nouveau gouvernement désire en outre faire preuve de transparence ; c’est en ce sens qu’il a publié les sténogrammes du Conseil des ministres. Le dialogue tripartite avec les organisations patronales et les syndicats a également été rétabli.
Qu’est-ce que le gouvernement Borissov n’a pas accompli ?
L’une des principales critiques envers le gouvernement Borissov est son manque de programme de gestion et de plan de lutte contre la crise. Les syndicats ont également exprimé leurs réserves envers le budget 2010, très austère. Le manque de position clair au sujet de certains projets importants, comme la construction de la centrale nucléaire de Béléné, constitue autant de points faibles pour le gouvernement. Des responsables de haut niveau n’ont pas été menés en justice, non plus. Les dirigeants estiment que la crise atteindra son paroxysme en Bulgarie à la fin 2009 et au début 2010. Cela pourrait fortement endommager la côte de popularité de Boïko Borissov.
Version française : Damian Vodénitcharov
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