Au cœur du Sud-Est bulgare, lovée entre le Rhodope Occidental et les contreforts de la Strandja, s’étend la montagne de Sakar — un territoire à la beauté brute, resté longtemps dans l’ombre, loin des sentiers battus du tourisme de masse. Et pourtant, c’est justement cette discrétion, cette préservation intacte, qui fait aujourd’hui de Sakar une destination émergente pour les amateurs de nature, d’histoire et d’expériences authentiques.

Parmi les voix qui portent ce renouveau, Michaela Kirtcheva joue un rôle central. Propriétaire d’un éco-gîte niché près du barrage de "Studen Kladenets", elle s’investit corps et âme dans la mise en valeur de la région. En partenariat avec la Société bulgare de protection des oiseaux et un réseau d’acteurs locaux, elle est à l’origine de la plateforme visitsakar.com, conçue comme un carrefour d’informations sur les itinéraires de randonnée, les lieux de séjour durables, les patrimoines naturels et culturels, ainsi que les productions agricoles locales.

"Ce territoire dans son ensemble possède un potentiel exceptionnel pour se transformer en une destination de premier plan pour l’écotourisme, dans toutes ses déclinaisons", déclare Michaela, fervente défenseure d’un tourisme durable, enraciné dans les savoir-faire locaux.

"Il s’agit notamment de promouvoir un tourisme actif — qu’il soit cycliste ou pédestre — mais aussi de proposer des expériences culinaires authentiques et des découvertes gastronomiques inspirées des traditions locales."

Son ambition dépasse le simple cadre de la promotion. Il s’agit d’un projet profondément ancré dans la réalité locale, conçu avec ceux qui vivent et font vivre le territoire. "Notre ambition est de développer cette région comme une offre touristique cohérente et séduisante, en menant des actions concrètes en partenariat avec les habitants, les agriculteurs, les collectivités locales et le tissu entrepreneurial du territoire."

À la différence des régions touristiques traditionnelles, Sakar reste en dehors des sentiers battus du tourisme de masse. Ici, pas de foules, pas de grands complexes hôteliers ni d’offres surmédiatisées. C’est précisément dans cette absence de frénésie que réside son charme. Plutôt que le tumulte – l’espace. Plutôt que le bruit – le silence. Plutôt que les attractions – l’authenticité. Sakar offre une sensation de vastitude, une paix presque monastique et une connexion intime avec le passé.

Ici, la nature respire lentement. Les collines silencieuses abritent un patrimoine aussi méconnu qu’exceptionnel – les dolmens. Ces monuments mégalithiques, vestiges de civilisations protohistoriques, confèrent à la région une solennité minérale. Le dolmen de Natchevi Tchaïri, près du village de Hlyabovo, en est un exemple éclatant : admirablement conservé, il se dresse à quelques mètres seulement de la route, à la croisée du temps et du paysage. Mais la région est aussi le domaine d’un des oiseaux les plus majestueux à peupler encore le ciel de Bulgarie : l’aigle impérial, explique Michaela et d’ajouter :

"C’est ici, à Sakar, que se trouve la plus grande concentration de dolmens du pays, un fait encore largement ignoré", confie Michaela, l’une des voix engagées dans la préservation de cette région exceptionnelle. "De même, rares sont ceux qui connaissent l’importance de cette terre pour l’aigle impérial – une espèce emblématique, avec une population forte et stable, étroitement liée au mode de vie des éleveurs. Nous tentons de faire dialoguer ces deux richesses, culturelle et naturelle, avec tout ce que la région peut offrir : des forteresses médiévales, des zones protégées, des rivières scintillantes et des sentiers de randonnée qui permettent de s’imprégner pleinement de la beauté sauvage de la région."

Observer l’aigle impérial dans son habitat naturel est bien plus qu’une simple activité ornithologique – c’est une expérience rare, presque initiatique, qui laisse une empreinte durable dans la mémoire de ceux qui l’ont vécue.

Mais un tel privilège ne s’improvise pas. Il requiert l’accompagnement de guides expérimentés, dotés de solides connaissances et d’une fine compréhension du comportement de cet oiseau majestueux. À l’heure actuelle, seules deux sociétés spécialisées proposent de telles observations. Elles vous conduiront sur les lieux précis d’observation, vous apprendront à identifier l’aigle et surtout, à l’admirer sans perturber son environnement fragile.

"Il ne s’agit pas simplement d’une promenade dans la nature, c’est une rencontre intime avec l’un des êtres les plus énigmatiques et précieux de la faune bulgare", témoigne Michaela.

Dans le sillage de cet engouement, apparaissent également les premiers voyagistes à proposer des circuits organisés centrés sur cette quête.

"Si vous tapez "excursion Sakar" sur Google, vous découvrirez une variété de programmes. La solution la plus simple consiste à s'inscrire à un circuit organisé qui couvre les principales attractions de la région. Cependant, pour les plus audacieux, il est également possible de partir seul à l’aventure. À Topolovgrad ainsi que dans des villages tels qu’Orechnik et Mramor, vous trouverez des hébergements de qualité qui vous permettront de découvrir la région dans toute sa splendeur. Le Musée d'histoire de Topolovgrad met à votre disposition son expertise pour organiser des itinéraires touristiques. Pour les voyageurs individuels, le site web visitsakar.com propose des itinéraires GPS à télécharger, que vous pourrez suivre via vos applications mobiles", dit en conclusion Michaela Kirtcheva.

Crédit photos : eaglefest.bg

Version française : Svjetlana Satric