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Traditions du Réveillon : pains rituels et plats en nombre impair

| Modifié le 23/12/24 à 18:45
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Photo: Anélia Ovnarska

Aujourd’hui encore, comme par le passé, le jour du Réveillon de Noël, on s’empresse dès le matin à préparer le dîner le plus important de l’année. Le repas du Réveillon est maigre mais abondant et varié avec un nombre impair de mets, une tradition à laquelle la plupart des ménages s’en tiennent encore. Pour nos ancêtres, c’était obligatoire de mettre sur la table du blé cuit, des haricots, du choux (ou des feuilles de vignes) farci au riz ou boulgour, des fruits secs. On les garnissait d’ail, d’oignon, de fruits frais, de noix et de vin. La place centrale était réservée aux pains rituels chargés de symboles et vœux de santé et fécondité.

Le pain le plus important est la Bogovitsa appelée également "la miche de Dieu" ou "saint" qui était consacrée à la maison et à Dieu. Endimanchées dans leur chemises neuves, les femmes qui pétrissaient le pain bénissaient la maison et invoquaient la santé. L’ethnologue Anélia Ovnarska nous apprend davantage sur le repas festif.

"Au Réveillon, on fabrique trois types de pain rituel. Le premier est une miche parfois sans aucune décoration, tout à fait ordinaire, d’autres fois ornementée pour symboliser le soleil. C’est le pain où l’on met une pièce qui apportera le bonheur à celui qui la trouve. On rompt la miche dont un morceau est placé devant l’icône ou à un endroit élevé pour la Sainte Vierge ou les forces surnaturelles", relate l’ethnologue Anélia Ovnarska.Le pain rituel était pétri avec de l’eau apportée du puits dans un silence absolu, dont personne n’avait bu, et de la farine plus fine et pure passée au moins trois fois par un tamis de soie. Dans certaines régions celui qui tombait sur la pièce devait la dépenser pour acheter quelque chose pour le ménage. Si c’était un invité externe à la famille, le maître de la maison la rachetait pour que le bien ne s’en aille pas de la maison. 

Le second pain à mettre sur la table le jour de la fête est associé aux activités du quotidien, explique Anélia Ovnarska.

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"Il s’agit d’une miche très intéressante, pain rituel couvert d’une riche décoration consacrée d’habitude aux animaux domestiques et aux étables. Elle est associée à l’agriculture et à l’élevage. On y voit les images d’araires, d’épis de blé, de moutons, bergeries, animaux… Le troisième type de pains était préparé par les jeunes filles non-mariées de la famille. Il s’agit des "kolaks", pains ronds distribués aux kolédari (les jeunes hommes célibataires qui faisaient le tour des maisons du village en chantant). Par le passé, ces types de pains étaient préparés partout où habitaient des Bulgares ethniques et surtout celui dont les ornements sont une réplique de la vie des gens avec l’agriculture et la fécondité", précise Ovnarska.

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Avant que la famille se mette à la table, le doyen dit la prière et encense le repas et la maison. On rompt le pain pour commencer le repas. Pourtant, que symbolise le nombre impair de mets obligatoire au Réveillon ? Anélia Ovnarska nous l’explique :

"On a cette croyance que le nombre des plats servis doit être impair : 7 ou 9. Vu sous le prisme de la culture traditionnelle, le nombre impair est imparfait. Il est associé à la vie. Alors que 12, un nombre pair, représente les 12 mois de l’année. Pourtant j’ai ma propre interprétation. Selon moi, cette imparité symbolise un caractère innombrable, c’est-à-dire le plus qu’on a, le mieux c’est. En règle générale, au Réveillon on sélectionnait les meilleurs aliments, tout ce qui était produit au champ et gardé pour ce dîner rituel. Les plus beaux potirons, les plus belles pommes, etc. On utilisait la plus fine farine pour pétrir la miche. Dans ce contexte, c’est le principe de do ut des. Nous donnons tout, nous donnons l’innombrable pour recevoir davantage et de meilleure qualité !", conclut Anélia Ovnarska.

Version française : Maria Stoéva

Photos : Anélia Ovnarska




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