Septièmes élections législatives en trois ans... Vote par habitude. Vote avec encore quelque espoir que demain tout ira bien et que le prochain scrutin n’aura lieu que dans quatre ans. Vote sous le signe de l'écœurement - écœurement des politiques, de nous-mêmes, de ceux qui n’ont pas voté.
Les réactions sont très variées, de l’optimisme au sarcasme, résume sur Radio Bulgarie le jour du vote à Melbourne Mantcho Manev, vice-président du bureau de vote de cette ville australienne. A la question quand se tiendront les prochaines législatives bulgares, il répond sans hésiter : en février prochain.
Je dirais que c’est assez dangereux et fâcheux, parce que cela crée une ambiance de chaos et de laisser-aller où l’État fait du sur-place, que ce soit dans la législation, dans le passage au numérique, dans l’infrastructure ou dans l’administration. Rien de cela ne peut s’améliorer en l’absence d’un gouvernement régulier en ordre de marche, estime Mantcho Manev.
Toujours en Australie, Isabéla Chopova, secrétaire du bureau de vote à Brisbane, voit les choses d’un œil un rien plus optimiste :
Je ne pense pas que les prochaines élections auront lieu dans quatre ans, mais ça ne sera pas une tragédie si elles se tiennent dans six mois. C’est le processus démocratique, c’est ainsi qu’une société démocratique franchit les périodes de crise. Nous sommes confrontés non seulement à une profonde crise politique, mais aussi à une crise sociale dont un des symptômes est ce problème politique que nous n’arrivons pas à résoudre avec ces scrutins à répétition.
« La possibilité de participer directement à la gestion du pays en votant n’a rien de fatigant pour moi, cela m’apporte une satisfaction morale », déclare Nadya Stoyanova de Boston, qui a cette fois voté à Londres. Elle est persuadée que la Bulgarie est confrontée à de graves problèmes, mais qu’un gouvernement régulier à tout prix n’est pas nécessairement la bonne solution :
Mon espoir est que les partis à l’Assemblée nationale mettront leur ego de côté pour contempler le tableau global : un monde rongé par l’incertitude où l’essentiel est que la Bulgarie puisse continuer de se développer comme un pays démocratique, éduqué, européen, créateur de biens et les répartissant équitablement entre les Bulgares. Les députés dans la prochaine Assemblée nationale doivent faire preuve d’humilité et respecter les intérêts du peuple bulgare.
« C’est de nous tous, Bulgares du pays et expatriés, que dépend de changer le cours des choses. Il faut que davantage de jeunes gens aillent voter », dit Svétlana Kanéva, présidente du bureau de vote à Luton près de Londres.
Et ils veulent des choses bien simples, les Bulgares : de l’ordre dans le pays, des règles auxquelles tous se conformeraient et la possibilité de bâtir une vie meilleure pour soi et ses proches.
On constate effectivement une certaine lassitude, des hésitations, des gens qui viennent voter mus par la force de l’habitude, nous dit le pédiatre Tsvétan Tsenkov, président du bureau de vote au Koweït. Ils voient bien qu’on n’arrive pas à constituer un gouvernement régulier depuis quelques années. Rien ne se fait, pas de programmes, pas de stratégies dans quelque domaine que ce soit.
Le docteur Tsenkov estime lui aussi que les prochaines élections législatives se tiendront au début de l’an prochain et considère que cela met en péril la bonne marche de l’État :
Le péril est le plus grand pour notre société civile, parce que notre administration n’est pas motivée, d’après ce que nous entendons ici. Les gens ne savent pas combien de temps ils parviendront à garder leur emploi, tout est bloqué : institutions, système judiciaire, projets de toute sorte.
Beaucoup de gens votent par responsabilité personnelle, et pas parce qu’ils font confiance aux partis politiques, comme nous le dit une assistante sociale de Sofia :
J’ai voté, parce que je pense que c’est là un droit fondamental que nous donne la démocratie. Il est primordial de faire preuve de responsabilité et d’aller voter. Nous sommes responsables de l’avenir, le nôtre et celui de nos enfants.
Photos: BGNES, archives personnelles
Édition : Vesséla Krastéva, sur des interviews de Vesséla Krastéva, Guergana Mantchéva, Darina Grigorova, Yoan Kolev et Eléna Karkalanova de Radio Bulgarie
Version française : Christo Popov
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