Le marché est indubitablement un des endroits les plus insolites et plein de coloris dans chaque ville ou village. Peu importe s’il s’agit d’un marché quotidien ou hebdomadaire, s’il est dédié à des produits spécifiques ou pas, c’est toujours un phénomène culturel qui reflète l’évolution de la société depuis des siècles.
A l’heure actuelle, même les produits les plus basiques sont accessibles en ligne ou dans les grandes surfaces à quelques minutes de chez soi. Est-ce que cela implique pourtant que le marché en tant qu’endroit physique soit voué à disparaître ? L’équipe de Studio 24 dirigé par la réalisatrice Ekatérina Minkova et le politologue Guéorgui Prodanov a cherché à répondre à cette question avec le projet "Le marché en voie de disparition comme un phénomène culturel".
Son premier objectif étant le tournage d’un documentaire dédié aux grands marchés de Sofia et leur influence sur la ville en passant par les endroits, les déficits, la mode et les marchandises, sa fin étant couronnée par une exposition dans la Galerie d’art Serdica au cœur d’un des personnages de ce travail de recherche : le Marché des femmes (Jenski pazar) à Sofia.
Des photos d’archives des marchés emblématiques de la capitale bulgare sont exposées jusqu’au 26 octobre. Il s’agit d’après Guéorgui Prodanov de clichés pris majoritairement par des étrangers de passage en Bulgarie qui ont été attirés par ces endroits, la plupart datant de la première moitié du 20e siècle. On peut y voir des figures de vendeurs et d’acheteurs de différentes époques faites d’après les vieilles photographies, de même que des courts-métrages. Les histoires qu’ils relatent sont puisées dans les rushes du documentaire.
"Le marché n’est pas un simple lieu de commerce et ne l’a jamais été. Les idées romantiques qu’il évoque datent du début du 20e siècle. En effet, à part ce que l’on peut acheter, le marché offre également des attractions, des personnages bizarres, des possibilités de rencontres. A mon avis, c’est un moyen particulier de communication et de festivité", explique à Radio Bulgarie Ekatérina Minkova, réalisatrice du documentaire. Il n’a pas encore de titre. Une chose est sûre pourtant : l’habillage sonore sera "de l’art dans l’art" grâce à Mariana Valkanova, nom bien connu de la cinématographie bulgare, réalisatrice artistique et designer sonore. Ses archives d’enregistrements de différentes époques constituent une vraie mémoire sonore.
"Les marchés sont intéressants car ils offrent la possibilité de croisement de différents univers. Qu’il s’agisse du 19e, du 20e siècle ou du présent, le marché est le seul endroit où un millionnaire peut spontanément croiser quelqu’un qui n’a que quelques sous en poche, un diplômé de plusieurs filières est susceptible de tomber sur quelqu’un qui n’est même pas en état d’écrire son propre prénom", précise le scénariste Guéorgui Prodanov. "Ces rencontres sont pratiquement impossibles dans un autre contexte ou un autre temps. Tout cela crée cette ambiance particulière que ces endroits dégagent. Pour cette raison étudier les significations du marché s’avère être un défi d’ordre artistique comme intellectuel. Les raisons pour lesquelles on s’y rend et les façons dont le marché génère son environnement ainsi que ce même environnement exercent à leur tour une influence sur les gens qui le fréquentent."
Nous ne recherchons pas de périodes concrètes, nous sommes en quête de photos : des histoires qui racontent le temps et la vie, avoue Guéorgui Prodanov. Les personnages de ce projet sont d’un côté le professeur Alexandre Kiossev, spécialiste en histoire culturelle de la modernité, et l’historienne et journaliste Albéna Chkodrova, et de l’autre les trois sœurs Lili, Lora et Blagorodna qui se rappellent de leur enfance passée au marché, Guéorgui, le fils d’un marchand des quatre-saisons et Steve, un étranger venu en Bulgarie en 1988.
Le documentaire nous offre une perspective intéressante sur un autre endroit marquant de la capitale et surtout dans la période post-communiste : le marché aux puces et son histoire. "Est-ce qu’on y vend des marchandises ou bien des récits?", seriez-vous tentés de vous demander.
"Si vous me demandez mon opinion personnelle", reprend Ekatérina Minkova, "si le marché aux puces était pendant la période socialiste l’endroit où s’infiltraient des choses interdites auxquelles on n’avait pas de libre accès telles que des jeans, des magnétocassettes et des cassettes, des posters de groupes, à présent il a changé d’essence. Il est dorénavant une sorte de machine pour remonter le temps. On y trouve des colifichets, souvent datant de la période socialiste, des objets ou des fragments d’objets désuets. A mon avis, sous sa forme actuelle, il n’est pas pour tout le monde."
Le marché est un organisme vivant, considère Guéorgui Prodanov.
"Je ne suis pas certain si la conception selon laquelle nous serions aux portes de l’Orient s’applique aux marchés en Bulgarie. Certes, l’idée la plus répandue qu’on s’est faite des marchés est influencée par les films et les récits sur les marchés orientaux de l’Empire ottoman. Pourtant, d’après moi, à l’Occident et à l’Orient, on exhibe les mêmes rapports. On peut partout rencontrer des gens accros aux marchés ou qui s’en servent comme d’un moyen de communication. Du reste, nos marchés en Bulgarie ne sont pas si bigarrés que ceux à l’Orient. Dans le même temps, les rapports ici sont plus riches que ceux qui se déploient dans certains marchés occidentaux."
"Ce qui a changé selon moi, est le fait que de moins en moi de vendeurs produisent eux-mêmes leurs marchandises", déclaredesoncôté EkatérinaMinkova. "Cela bouleverse les rapports entre l’acheteur et le vendeur. Dans ce sens, le marché disparaît, car on n’y fait rien de différent qu’en grande surface."
Version française : Maria Stoéva
Photos : Mariana Valkanova, Maria Boyadiéva, Galerie d’art Serdica, Facebook / Marché des femmes
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