Il y a 26 ans, le 30 septembre 1998, un Concile panorthodoxe fut convoqué à Sofia à l’initiative de l’Église orthodoxe bulgare, afin d’aider à résoudre le schisme au sein des prêtres orthodoxes bulgares. A l’époque, en dépit des tentatives et pressions exercées par le patriarche de Constantinople Bartholomée, le patriarche de Bulgarie Maxime, soutenu par une bonne partie des ecclésiastiques bulgares et les primats d’autres Églises orthodoxes, refusa de démissionner au profit du métropolite schismatique Pimen de Nevrokop. Grâce à ce soutien décisif le Patriarcat bulgare et son primat Maxime furent confirmés comme représentants légitimes de l’Église orthodoxe bulgare (EOB).
Ce scénario se répète 20 ans plus tard, cette fois en Ukraine, mais au lieu de convoquer un Concile panorthodoxe, le patriarche de Constantinople Bartholomée délivre un tomos (décret) d’autocéphalie à l’ "Église orthodoxe d’Ukraine" nouvellement formée qu’il remet officiellement à son "primat" le métropolite Epiphanii le 6 janvier 2019. Mais aucun représentant des Églises orthodoxes nationales et autocéphales n’est présent à l’intronisation d’Epiphanii à cause de cette violation flagrante des canons de la Communion orthodoxe (des Églises orthodoxes autocéphales). Des théologiens et des hommes d’Église préviennent même que ces actions du patriarche Bartholomée portent gravement atteinte au Christianisme orthodoxe et les conséquences pourraient en être catastrophiques. En Bulgarie des voix se font entendre pour la convocation d’un Concile panorthodoxe. L’une d’elles est celle de la politologue et théologienne Vassilianna Merheb :
Le Patriarche bulgare Daniel a été le premier à exprimer son soutien plein et entier de façon tout à fait cordiale et fraternelle, soutien en esprit et en prière, aux religieux orthodoxes ukrainiens persécutés par les autorités. Après notre patriarche ont suivi les réactions dans le même sens de sept autres Églises autocéphales : celles d’Antioche (Syrie), Jérusalem, Russie, Serbie, Albanie, Tchéquie et Slovaquie et Macédoine du Nord.
Dans le même temps, sur proposition du métropolite de Plovdiv Nicolas, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe bulgare décide le 11 septembre de récompenser le patriarche Bartholomée "pour ses mérites distingués dans la résolution du schisme". La question se pose de savoir pourquoi 26 ans après et de quels "mérites" il peut bien s’agir, alors que Bartholomée avait soutenu les schismatiques et le schisme avait donc été résolu malgré lui et non grâce à lui.
Beaucoup de gens dans notre Église, prêtres et simples croyants, ont été interloqués par cette décision, indique Vassilianna Merheb. Cette décision ne fait évidemment pas l’unanimité au Saint-Synode. Plusieurs de ses membres ont clairement fait connaître leur position sur l’ "Église orthodoxe d’Ukraine" et il n’est guère probable qu’ils aient soutenu l’idée de remettre l’ordre "Saint Jean de Rila" à quelqu’un qui provoque un schisme dans la Communion orthodoxe et en bafoue les lois canoniques, des faits attestés par de nombreux documents et des témoins vivants.
Un autre fait est que le patriarche Bartholomée avait tenté d’humilier le patriarche Néophyte (le prédécesseur du patriarche Daniel), s’adressant à lui par "Votre Béatitude" au lieu de "Votre Sainteté", voulant ainsi suggérer qu’il considère toujours l’Église orthodoxe bulgare comme un exarchat (subalterne) et non un patriarcat (autocéphale). Il semble avoir la même attitude envers les autres Églises orthodoxes autocéphales, étant donné sa décision unilatérale de délivrer un tomos à l’ "Église orthodoxe d’Ukraine" sans convoquer un Concile panorthodoxe, se comportant ainsi comme un "pape" du Christianisme orthodoxe où un tel titre n’existe pas, contrairement au catholicisme.
Dans la conjoncture actuelle, le moment choisi pour une telle distinction est malvenu. Et si quelqu’un devrait être récompensé pour mérites pour la résolution de la tentative de schisme en Bulgarie d’il y a 26 ans, ce sont les primats qui ont soutenu notre Église. Il est indispensable de convoquer un Concile panorthodoxe. Cette position est soutenue par neuf des Églises orthodoxes : celles de Bulgarie, d’Antioche (Syrie), de Roumanie, de Serbie, de Russie, de Pologne, d’Albanie, de Tchéquie et de Macédoine du Nord. L’Église orthodoxe bulgare, une des plus anciennes, qui a donné à l’Église ukrainienne l’écriture cyrillique et ses livres liturgiques (il y a plus de 1000 ans), peut aider en accueillant un Concile panorthodoxe pour guérir ce schisme et éviter qu’il s’étende à d’autres pays orthodoxes, fait valoir Vassilianna Merheb.
Et rappelons en conclusion que Sofia (Sophia) signifie Sagesse Divine.
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Photos: Facebook/EOB, BGNES, archives personnelles
Version française : Christo Popov
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