Les sixièmes élections législatives anticipées en Bulgarie en moins de trois ans ont apporté une surprise avec l’entrée à l’Assemblée nationale d’une septième formation politique, le parti "Grandeur", qui aura 13 députés (sur 240). D’autre part, la probabilité de constituer un gouvernement stable semble demeurer un vœu pieux.
Le petit dernier de la famille parlementaire "Grandeur" a reçu un soutien considérable des Bulgares expatriés, dépassant même le vainqueur des élections GERB-UFD. "La raison de cet engouement de la part de nos compatriotes à l’étranger est leur inclination à rechercher et voter pour des candidats qui expriment leurs propres attitudes protestataires", indique sur Radio Bulgarie le sociologue Parvan Siméonov, directeur exécutif de l’institut de sondage "Gallup International Balkan".
Voici son commentaire sur la capacité à mobiliser le vote des expatriés :
Des partis comme « Grandeur » sont particulièrement actifs dans les réseaux sociaux et atteignent facilement ces communautés à l’étranger. En outre ce parti, tout comme « Renaissance », ont fait une bonne campagne dans d’autres pays. « Renaissance » a ouvert un chemin qui est maintenant emprunté par d’autres formations.
Le Mouvement pour les droits et libertés est le parti qui a obtenu le plus de votes de l’étranger au scrutin du 9 juin, principalement de Turquie où avaient été ouverts le plus de bureaux de vote hors Bulgarie.
Le MDL s’est présenté assez bien, parce que la grande question était si la nouvelle direction du parti serait acceptée par leurs électeurs en Turquie, commente Parvan Siméonov. Ils en ont reçu environ 40 000 voix (sur 366 562), ce qui n’est pas négligeable, mais il est possible qu’il y ait eu une certaine baisse qu’ils ont essayé de compenser en améliorant leurs résultats en Bulgarie parmi des électeurs en dehors de la communauté turque, mais cela n’est pas évident.
Les vainqueurs de ces élections, GERB-UFD, ont perdu plus de 100 000 voix par rapport à des scrutins précédents, et la plupart des autres partis ont eux aussi perdu des électeurs. Mais le coup n’est pas si dur qu’il aurait pu l’être en raison du taux d’abstention record – 68%, le plus élevé depuis le début des processus démocratiques en Bulgarie il y a presque 35 ans. Même le fait que ces législatives aient été couplées aux européennes n’a pas aidé et à peine 32% des électeurs sont allés aux urnes.
Les raisons de cet état de fait, outre la lassitude des législatives anticipées à répétition, est qu’une grande partie des Bulgares n’ont toujours pas de représentation politique. Ce segment de notre société est composé des gens orientés un peu plus vers l’Est, indique Siméonov. A l’instar d’autres analystes il voit un potentiel élevé pour une nouvelle formation politique liée au président Roumen Radev qui mène, et de loin, au classement individuel des politiques bulgares. Pourquoi un tel projet politique serait-il si prometteur ?
Le président peut parler à ces gens-là, mais aussi aux centristes. En revanche il est moins bien accepté des libéraux pro-occidentaux. C’est pourquoi le président serait peut-être en mesure d’unir l’Est et le centre dans la société bulgare, estime Parvan Siméonov.
Photos: pixabay, BGNES
Version française : Christo Popov
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