76 ans après son décès, le premier souverain du Troisième royaume bulgare, le tsar Ferdinand Ier, est revenu chez lui au palais "Vrana", et sa dernière volonté a ainsi été enfin exaucée. Il écrit dans son testament qu’il souhaite être enterré dans le pays qu’il a gouverné pendant 31 ans (prince de 1887 à 1908 et tsar de 1908 à 1918 lorsqu'il abdique). Le tsar Ferdinand exprime cette même volonté à la fin de sa vie, s’adressant à son aide de camp Petar Gantchev : "Gantchev, quand partons-nous pour la Bulgarie ?"
Ce n’était pas la première tentative de faire revenir en Bulgarie la dépouille mortelle du tsar Ferdinand et celle-ci est enfin réussie, note l’historien Petar Stoyanovitch à une conférence de presse au palais "Vrana".
Les raisons de ne pas faire revenir le corps du tsar Ferdinand plus tôt sont aussi bien politiques que liées à l’opinion publique :
Je me disais ces derniers jours que l’opinion publique bulgare avait eu besoin, dans sa transition vers la démocratie, de s’éloigner des clichés en noir et blanc que nous employons pour notre histoire. Nous, les représentants de la famille royale pensions que la décision du retour de la dépouille mortelle devait mûrir au sein de l’opinion bulgare. Je pense que cela est démontré aussi bien par les positions des autorités bulgares que par la façon dont l’opinion fait ses adieux au tsar Ferdinand qui a gouverné la Bulgarie pendant 31 ans.
En dépit de l’unité démontrée par ceux qui sont venus s’incliner devant le cercueil de Ferdinand, une partie assez importante de l’opinion évalue sa gouvernance en se basant sur seulement 6 des 31 ans qu’il passe sur le trône. La majeure partie de sa gouvernance est pacifique et constructive, dit l’historien Petar Stoyanovitch selon qui c’est une erreur d’évaluer sa contribution au développement de la Bulgarie en se basant seulement sur ses dernières années au pouvoir :
Six ans de guerre ne peuvent pas annuler ce qui a été accompli pour européiser et moderniser la Bulgarie dans les 25 autres. En 25 ans la Bulgarie du début du XXe siècle qui était un pays sans infrastructure, sans armée, sans institutions culturelles ou un système éducatif au niveau national devient un pays cultivé, accepté dans la famille européenne. Bien entendu le mérite n’en revient pas uniquement au tsar Ferdinand. Mais c’était lui qui dirigeait ce mouvement, avec l’élite politique et militaire de la Bulgarie, avec les scientifiques et les artistes. De la même façon les défaites dans trois guerres (la Guerre des Balkans, la Guerre Interalliée et la Première guerre mondiale) ne peuvent pas être de la faute d’une seule personne. C’est une faute partagée, où il occupe bien entendu la première place. Donc, lorsque nous étudions notre histoire nous ferions bien d’éviter les clichés et permettre aux historiens de l’étudier et l’évaluer. Les historiens travaillent avec des faits, des documents qu’ils relient entre eux. A partir de là c’est à l’opinion publique de donner son avis.
Et quant à ce que doivent savoir les jeunes générations du tsar Ferdinand et son rôle dans notre histoire, une chose est sûre pour Petar Stoyanovitch :
A mon avis chaque enfant bulgare devrait pouvoir expliquer en quelques mots pourquoi il importe d’être Européen. Et lorsqu’ils pourront s'expliquer pourquoi la Bulgarie est devenue un État européen, ils pourront en apprendre suffisamment sur ceux qui ont fait de la Bulgare un État européen après la Libération, et le tsar Ferdinand sera une de ces personnes. Mais l’étudier séparément est à mon avis une preuve de naïveté. Il doit être étudié dans le contexte de son époque, de son caractère et être évalué objectivement, sereinement et justement, sans dissimuler la vérité et sans ajouter foi à des critiques qui ne peuvent pas être confirmées par des documents.
Photos: Fonds Tsar Boris III et Tsarine Joanna, BGNES, BTA
Version française : Christo Popov
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