Aucune statistique ne peut indiquer correctement le nombre total de troupes de danse bulgares à l’étranger. Une chose est toutefois sûre : ces groupes amateurs disséminés sur tous les continents sont un pont vivant entre la Bulgarie et le reste du monde. La docteure Youlia Poptchéva de l’Institut d’Ethnologie et études folkloriques de l’Académie bulgare des Sciences étudie ces groupes folkloriques amateurs en Bulgarie et à l’étranger dans un projet sur notre identité nationale et européenne. Elle parvient à la conclusion que ces activités se sont imposés comme des noyaux de communication sociale et culturelle à l’étranger. « Ces groupes de danse réunissent des gens qui ne se seraient jamais rencontrés dans d’autres circonstances et cela forme un milieu où se créent non seulement des amitiés, mais aussi un sentiment d’appartenance à une communauté, d’entraide, de vivre ensemble », dit Youlia Poptchéva, ajoutant :
Ils deviennent des initiateurs et des porteurs de la culture bulgare à l’étranger en la présentant aux communautés locales. Par exemple, pendant les Journées de la culture on organise des stands bulgares, on présente des plats bulgares, des dépliants sur la Bulgarie, des objets de notre quotidien, de l’essence de rose, ainsi que nos danses, chants et costumes traditionnels et tout ce que ce groupe folklorique sait de notre pays.
Ces groupes de danse doivent souvent s’identifier officiellement devant les autorités locales et créent à cette fin des associations qui deviennent des centres de la vie commune de nos compatriotes expatriés.
Par exemple à Bordeaux où j’ai passé 6 mois, le groupe de danse est représenté par la seule association bulgare de la ville, dit Youlia Poptchéva. Ainsi, de concert avec quelques autres personnes actives, le groupe devient le noyau qui unit la communauté bulgare locale. C’est très important, parce qu’il n’y a pas d’école bulgare à Bordeaux, contrairement à d’autres grandes villes avec des diasporas bulgares plus compactes. Il n’y a pas non plus d’église bulgare et les gens utilisent l’espace d’une église russe pour leurs services religieux. Cette association est donc le seul endroit où nos compatriotes peuvent se donner rendez-vous.
Il existe en outre tout un marché lié aux festivals folkloriques en Europe. Les groupes commandent de Bulgarie des costumes, des accessoires, de la musique, des manuels. Des chorégraphes professionnels rendent souvent visite à ces groupes en Europe pour les former. « Le lien entre ces groupes et la Bulgarie est donc très fort », note Youlia Poptchéva :
Dans certains de ces groupes il y a aussi des chorales ou des écoles du dimanche. Par endroits il y a des associations mixtes, par exemple une association bulgaro-espagnole qui aide les Bulgares expatriés en Espagne et organise des événements pour permettre aux Espagnols de se familiariser avec la Bulgarie. Il y a un mélange d’activités dans une tentative de mieux positionner la Bulgarie dans l’UE.
Photos: Association des groupes folkloriques bulgares à l'étranger, Yana Boyanova, Institut d'Ethnologie et d'études folkloriques de l'Académie bulgare des Sciences, Facebook/Club folklorique bulgare "Buis", Armagh, Irlande du Nord
Édition: Vénéta Nikolova, sur une interview de Yana Boyanova pour l’émission de la RNB « L’Europe, nouvelle génération »
Version française : Christo Popov
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