"Dans un monde de plus en plus désuni, se tenir par la main devient une prière silencieuse, une façon d’être de nouveau réunis". Ainsi commence la description du projet "Père et fils" du photographe Valéri Pochtarov sur le site de la World Photography Organisation. A une cérémonie à Londres le 18 avril ce projet a reçu le premier prix dans la catégorie "Portrait" du concours pour professionnels "Sony World Photography Awards". Cette année près de 400 000 photos d’auteurs de plus de 220 pays et territoires ont pris part à ce concours prestigieux de photographie créé en 2007.
"Père et fils" est un projet international de Valéri commencé en 2020 dans sa Bulgarie natale qui s’est poursuivi en Serbie, Turquie, Macédoine du Nord, Arménie, Géorgie et Grèce. Partout des pères et des fils se tenant par la main dans un moment de proximité, de rencontre, d’élan l’un vers l’autre. En les regardant on se pose des questions comme : Qui sommes-nous, comme élément d’un milieu, d’une identité culturelle ? Qu’est-ce que nous héritons de nos ancêtres, qu’est-ce que nous enrichissons, qu’est-ce que nous changeons ?
Tout a commencé par une promenade matinale où j’emmenais mes deux fils à l’école en les tenant par la main, se souvient Valéri Pochtarov. Nous avons croisé un autre papa qui s’est exclamé en nous voyant : « Ah, vous méritez d’être pris en photo ! » Et je me suis mis à penser qu’à partir d’un moment nous, les hommes, devons lâcher la main de notre père et apprendre à nous connaître. Mais j’ai décidé de prouver à moi-même que ce lien peut continuer de vivre. C’est alors que j’ai eu l’idée de prendre en photo mon père et mon grand-père, qui avait alors 95 ans, se tenant par la main.
C’est ainsi qu’en 2020, dans une réalité caractérisée par l’isolement et l’aliénation, que Valéri Pochtarov part à la recherche de la proximité humaine. « J’ai été très heureux de faire le tour de toutes les 28 régions de Bulgarie et d’y chercher des pères et des fils », confie le photographe au micro de Radio Bulgarie, ajoutant :
Il est rare de rencontrer des pères et des fils vivant ensemble dans une localité ou ayant une véritable relation comme adultes. Je ne pense pas que ce soit uniquement dû aux relations entre les hommes d’une famille, mais aussi au lien entre les générations. Trouver ce lien, c’est trouver la relation entre leurs valeurs. Et se tenir par la main est ce pont nécessaire.
C’est en Géorgie que Valéri Pochtarov travaille le plus longtemps à son projet « Père et fils ». Il fait le tour de ce pays grâce à son partenariat avec National Geographic et avec un financement de l’UE.
Les différences que je constate quand je travaille à divers endroits sont liées aux conditions culturelles, estime Valéri Pochtarov. Quand un père et un fils se tiennent par la main, c’est un lien entre les valeurs générationnelles, et dans des pays où il y a ou bien il y a récemment eu un conflit il est très difficile pour la jeune génération de reconnaître les valeurs de la génération précédente et d’y voir son avenir. Je pense qu’on ne s’en rend pas compte chez nous, mais en Bulgarie ce fossé entre les générations n’est pas aussi profond que dans beaucoup d’autres pays.
Mais l’espoir subsiste. « Je pense que les êtres humains sont des points et si on les relie ensemble, on peut dessiner le plus beau tableau de l’humanité », dit Valéri.
L’exposition du projet « Père et fils » peut actuellement être vue à Tbilissi (Géorgie). Les photos récompensées au concours sont également exposées à la Somerset House à Londres jusqu’au 6 mai. Cet été l’exposition « Père et fils » pourra être vue à Cortona (Italie) et ensuite des photos grand format de ce projet seront exposées à ciel ouvert en France. A l’automne le projet sera montré dans le cadre des Rencontres de la photographie à Plovdiv.
Photos: archives personnelles
Version française : Christo Popov
"Sans un changement du système, les moyens destinés à la culture ne seront jamais distribués correctement et resteront largement insuffisants". A la TV publique, le ministre de la Culture Nayden Todorov a déclaré avoir établi une stratégie de..
La 23e édition du "Bansko Film Fest" transportera le public dans des lieux extrêmes de la planète grâce aux 75 films de 39 pays qui y seront projetés. "Tous les films seront présentés pour la première fois à Bansko", nous a confié la directrice..
Ce soir, 13 novembre, au Palais de la Culture, sera donné le coup d’envoi de la 38e édition de "Cinémania" avec une projection de "Tarika", le plus récent film du réalisateur bulgare Milko Lazarov. Il a déjà été montré en avant-première dans le cadre de..