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La Bulgarie fait partie des pays qui voient d'un mauvais œil les nouvelles techniques génomiques

Photo: pixabay

Début février le Parlement européen doit prendre une décision importante sur l’utilisation des nouvelles techniques génomiques (NGT) pour la création de nouvelles variétés de plantes. Le projet de règlement prévoit la suppression de tous les tests de sécurité pour environ 94% des nouvelles cultures génétiquement modifiées qui font l’objet de travaux en laboratoire en vue d’être brevetées. Des experts indiquent que cela contrevient à un des principes de précaution fondamentaux de la communauté européenne qui était jusqu’à présent protégée de l’utilisation de cultures génétiquement modifiées par des règlements stricts. Le sujet des nouvelles techniques génomiques a polarisé les positions des experts en Bulgarie, alors que les représentants de l’État restent neutres et choisissent l’abstention lors des votes dans les institutions européennes.

« L’Europe était une oasis parmi les autres continents en n’autorisant que certaines variétés hybrides ayant été soumises à des contrôles stricts pour garantir qu’elles n’auraient pas d’effets nocifs sur l’environnement et l’agriculture », indique sur Radio Bulgarie l’ingénieure Svetla Nikolova de l’association Agrolink (membre de la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique IFOAM) qui œuvre depuis 1999 au développement de l’agriculture bio en Bulgarie.

Svetla Nikolova

En Bulgarie 90% des gens ne veulent pas d’OGM. La situation est la même dans des pays comme la France ou l’Allemagne, mais la Commission européenne ne tient pas compte de l’opinion publique, ni des avis des scientifiques indépendants et des producteurs agricoles. En décembre dernier le Conseil de l’UE n’a pas pu réunir le nombre de voix suffisant pour prendre une décision et le projet est toujours en discussion. Maintenant sous la présidence belge des consultations ont commencé dès le 1er janvier dans des groupes de travail sur l’agriculture, mais il est devenu clair dès la première séance qu’il existe de nombreux points de désaccord. Il y a aussi beaucoup de questions auxquelles la Commission n’est pas en mesure de répondre. Résultat : les réunions ont stoppé et on se dirige vers une décision purement politique. Des commissaires européens se sont mis à visiter des pays membres et de faire pression sur leurs gouvernements en leur promettant que les NGT ne seraient pas brevetées. Sauf que l’organisme qui délivre ces brevets ne dépend pas de la Commission européenne. De telles promesses sont donc irréalistes et une insulte à l’intelligence des gens qui connaissent les lois.

Le ministre de l'Agriculture Kiril Vatev au Conseil Agriculture et Pêche de l'UE en décembre 2023 à Bruxelles

Les nouvelles techniques génomiques sont créées il y a 12 ans et consistent à modifier les plantes au niveau génétique, mais personne n’a démontré jusqu’à présent qu’elles sont inoffensives. Le projet de règlement prévoit pourtant de les mettre en circulation dans la nature sans qu’il y ait contrôle par le biais de labels indiquant qu’il s’agit de NGT.

En 2019 la Cour de justice de l’UE a stipulé que s’il y a changement d’ordre génétique, la plante est un organisme génétiquement modifié (OGM). « Dans la sélection classique on ne modifie pas les gènes des plantes. S’il y a un tel changement, nous avons affaire à un OGM », souligne Svetla Nikolova :


Ce que nous promet la Commission européenne est que sept ans après l’éventuelle adoption du règlement des études seront faites pour en déterminer les effets, y compris nocifs. Nous avons officiellement demandé à notre ministre de l’Agriculture qui sera tenu responsable si les choses tournent mal dans l’intervalle.

Aux dires de Svetla Nikolova ce règlement est voulu par quatre grosses compagnies qui contrôlent 70% du marché mondial des semences. Certaines produisent aussi des produits chimiques comme l’herbicide glyphosate et aussi des médicaments. « Le but est de contrôler toute la chaîne alimentaire, les sols, les gens », avertit Svetla Nikolova, ajoutant : « N’oublions pas que l’alimentation est liée au patrimoine, aux traditions, à l’histoire. Pourquoi la Bulgarie ne suivrait-elle pas l’exemple de l’Autriche qui mise sur la qualité et autorise ses petits producteurs à vendre leurs produits directement, sans intermédiaires ? »

Des milliers de citoyens et de nombreuses organisations se sont joints à la campagne d’Agrolink pour la protection de l’agriculture bulgare contre les NGT. Une pétition est lancée pour que la Bulgarie reste une zone sans OGM.



Crédits photos: pixabay, Darina Grigorova, BGNES


Version française; Christo Popov



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