Née de l'initiative du père Joseph Wresinski et de près de 100 000 personnes rassemblées le 17 octobre 1987 sur le Parvis du Trocadéro à Paris pour exprimer leur refus de la misère et appeler l'humanité à s'unir pour faire respecter les Droits de l'Homme, la Journée internationale pour l’éradication de la pauvreté est célébrée à cette date chaque année depuis 1992.

En Bulgarie, lanterne rouge de l’UE pour le montant du SMIC, l’inflation continue d’éroder le pouvoir d’achat et de plus en plus de gens sont confrontés au risque de ne pas pouvoir satisfaire leurs besoins fondamentaux de chaleur, d’eau et de nourriture. Le sentiment de se trouver au bord du gouffre est de plus en plus répandu et le terme de « travailleurs pauvres » demeure d’actualité pour des milliers de Bulgares. De là à se retrouver dans le cercle vicieux de la pauvreté, il n’y a qu’un pas.

Le chemin menant à la pauvreté peut être très court et peut toucher tout le monde dans notre pays, dit Rossitsa Kratounkova de la fondation « Pour l’espoir ». Il suffit d’un problème de santé imprévu et chacun peut se retrouver en situation de précarité, étant donné l’état de notre système de santé. Il existe d’innombrables campagnes de collecte de sommes importantes pour sauver des vies. De même, les gens qui n’ont pas accès à des pièces d’identité sont condamnés dès le départ à rester pauvres et exploités, à ne pas être payés, à travailler au noir et n’avoir absolument aucun droit. Nous nous efforçons donc, en organisant des événements le 17 octobre, de rappeler qu’il y a des gens qui vivent en situation de pauvreté en Bulgarie et qu’ils sont nombreux.

Ainsi, à l’occasion de la Journée internationale pour l’éradication de la pauvreté, un village d’ONG est apparu au centre de Sofia pour défendre la cause d’une vie digne pour tout un chacun.

« Pour les gens en situation d’extrême pauvreté chaque jour demande beaucoup de courage », dit sur la RNB le Suisse Simeon Brand de l’organisation globale « Agir Tous pour la Dignité » (ATD). « La pauvreté n’est pas quelque chose d’inévitable et nous devons agir pour une vie digne pour tous », ajoute-t-il.

Cette année le thème de la Journée internationale pour l’éradication de la pauvreté était lié aux conditions de travail dignes et à la protection sociale.

« Quand on vit dans la pauvreté, dans les privations, sans accès à des services de qualité, c’est un capital humain bloqué », dit la ministre du Travail et de la Politique sociale Ivanka Chalapatova, ajoutant que les efforts du gouvernement bulgare se font dans le contexte des efforts de tous les pays membres de l’UE liés à la lutte contre la pauvreté et l’encouragement de l’inclusion sociale de divers groupes.

L’être humain est le capital le plus précieux de la société. Notre espoir est que chacun en Bulgarie réfléchisse comment on peut atteindre le but de ne plus avoir une seule personne dans notre pays vivant sous le seuil de pauvreté. Selon des données de 2022 25,9% des enfants bulgares âgés de 0 à 17 ans sont menacés de pauvreté. Cela veut dire qu’ils ont un mauvais départ dans la vie. Nous ne leur fournissons pas un environnement leur permettant de s’épanouir et après nous attendons d’eux de devenir des jeunes gens motivés à travailler sur le marché bulgare, prendre part à des innovations, être des citoyens actifs et contribuer au développement de la société. C’est pourquoi notre priorité est de mettre en application le Plan annuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. Il est financé aussi bien par le budget de l’État que par le Programme de développement des ressources humaines.

Les budgets nationaux accordent de plus en plus de moyens aux dépenses sociales, mais on ne recherche pas l’effet de ces investissements, fait valoir Ivanka Chalapatova.

Il ne suffit pas d’augmenter le SMIC ou les aides familiales pour élever des enfants. Il faut développer une vaste gamme de mesures sociales intégrées fortes. Notre but est que chaque investissement dans un ménage ou un individu les rende indépendants.

Édition : Eléna Karkalanova, sur des interviews d’Irina Nédéva et Silvia Vélikova de la chaîne info de la RNB (Radio Horizon)

Version française : Christo Popov