La Commission européenne a mis fin au Mécanisme de coopération et vérification pour le suivi des processus liés à la suprématie de la loi en Bulgarie et en Roumanie au motif que ces deux pays ont rempli à un degré suffisant leurs obligations. Leur monitoring se poursuivra par le biais du mécanisme général en vigueur pour tous les pays de l’UE, avec des rapports annuels sur l’État de droit.
C’est une démonstration de confiance qui montre que la Bulgarie a obtenu de bons résultats, en dépit des presque deux ans d’incertitude et instabilité politique, dit sur Radio Bulgarie l’économiste de l’Institut d’économie de marché Adrian Nikolov. Cela ne garantit pas pour autant que nous serons dans l’espace Schengen en 2024. Il n’est pas sûr que ce soit le dernier obstacle sur notre chemin.
L’Autriche et les Pays-Bas continuent d’émettre des réserves sur notre adhésion à l’espace Schengen. Cette réticence n’est pas sans fondement, étant donné certains problèmes relatifs à la sécurité frontalière.
Il suffit de mentionner l’affaire « Kapitan Andréévo », car elle a mis en lumière la capacité de la Bulgarie d’être une frontière extérieure de l’espace Schengen, note Adrian Nikolov. L’image de marque du pays ne pouvait qu’être entachée par ce scandale de corruption et de mise en place d’une douane privée offrant des transports illégaux en échange de pots-de-vin. Les mesures entreprises par le gouvernement de l’époque (la quadruple coalition entre « Poursuivons le changement », « Bulgarie démocratique », le PS et « Il y a un tel peuple ») pour mettre fin à cette magouille ont peut-être eu un effet positif, parce que nos partenaires occidentaux s’attendent probablement à voir maintenant d’autres actions décisives de ce genre.
Les débats liés à l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen ont commencé dès notre adhésion à l’UE en 2007. Ces derniers mois nous avons également constaté une recrudescence des passages d’importants groupes de clandestins en route vers l’Europe occidentale qui ont été pris à l’intérieur du pays, renforçant le sentiment de défiance quant à la capacité de la Bulgarie de sécuriser ses frontières.
Il est difficile d’évaluer les pertes que subit notre pays du fait de sa non-appartenance à l’espace Schengen. Certains avancent le chiffre de 50 millions d’euros de pertes annuelles pour les exportateurs et les sociétés de transport de marchandises, causées par les retards pris aux contrôles frontaliers. Il n’est malheureusement pas possible de négocier des indemnités pour ce type de pertes.
Il s’agit de relations commerciales et il n’y a pas moyen de compenser le fait que les sociétés bulgares ont plus de mal à atteindre les marchés de l’UE que les sociétés allemandes ou françaises. Ce problème sera résolu lorsque nous ferons partie de l’espace Schengen. Jusque-là il nous faudra accepter que nos problèmes politiques antérieurs nous ont privés de cette occasion de profiter de notre appartenance à l’UE, conclut Adrian Nikolov.
Version française : Christo Popov
Photos : csreurope.org; Tony Tonchev, BusinessGlobal
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