La crise politique qui frappe de plein fouet la Bulgarie depuis deux ans ne fait que s’approfondir, surtout après l’enregistrement de la réunion du Conseil national de « Poursuivons le changement » du 21 mai que le député Radostin Vassilev a communiqué aux médias. On en apprend entre autres que les leaders de ce parti Kiril Petkov et Assen Vassilev veulent procéder à une purge de l’administration publique « légalement ou illégalement » (sic), nommer de nouveaux chefs des services de renseignement « en coordination avec l’ambassade et approuvés par elle » (sic) et contourner certaines conditions à l’adhésion de notre pays à l’espace Schengen et à la zone euro avec l’aide de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Ces intentions ont suscité des réactions houleuses de la part des leaders des autres partis politiques, celui de « Renaissance » Kostadin Kostadinov allant jusqu’à déclarer que « Poursuivons le changement » doit être interdit et ses leaders doivent aller en prison pour haute trahison. La coalition GERB-UFD a annoncé qu’elle suspendait ses négociations avec la coalition « Poursuivons le changement-Bulgarie démocratique » pour la constitution d’un gouvernement régulier.
Le président Roumen Radev a également été critique lors de la remise du deuxième mandat de constitution d’un gouvernement régulier à des représentants de la coalition « Poursuivons le changement-Bulgarie démocratique », les appelant à reconsidérer la mise en œuvre de ce mandat qu’il a qualifié de « déjà discrédité ». Sa position a provoqué une levée de boucliers de la droite libérale bulgare dont se réclament PlC et BD.
« C’est la première fois que je vois le président remettre un mandat à contrecœur et même avec dégoût. Roumen Radev a remis le mandat à des gens qui ne lui plaisent visiblement pas. Notre président actuel est néfaste pour la Bulgarie », a déclaré l’analyste politique et activiste Vessislava Tantchéva.
Selon elle le comportement du chef de l’État frise l’outrepassement de ses pouvoirs constitutionnels.
« J’appelle les partis à l’Assemblée nationale à ne pas rester inactifs face à un tel comportement et à entamer une procédure de destitution du président. Même si elle n'aboutit pas, l’important est de mettre ce sujet à l’ordre du jour », pense Tantchéva.
« C’est un moment disgracieux de l’histoire de la démocratie bulgare », estime le politologue Svétoslav Malinov, en ajoutant :
« Je m’attends à une reprise des pourparlers et à un gouvernement régulier d’ici trois jours. La déclaration du président est un très mauvais signe pour l’Europe et sa réputation s’en trouvera entachée. »
Malinov appelle à des changements dans le cabinet de PlC et note qu’à présent les coalitions PlC-BD et GERB-UFD ont une bien plus grande responsabilité vis-à-vis de leurs électeurs.
« Le président devrait apporter une aide et être un médiateur pour la formation d’un gouvernement régulier, que ce soit avec le premier, le deuxième ou le troisième mandat », dit le député PlC Yavor Bojankov. « Ce n’est pas un secret que Radev préfère qu’il y ait un nouveau cabinet intérimaire, mais il ne l’avait jamais fait savoir de façon si directe », ajoute-t-il à propos de la remise du deuxième mandat à PlC-BD.
Après le gel des pourparlers entre GERB-UFD et PlC-BD il faut voir si ces discussions pourront reprendre de façon civilisée après la remise du mandat, dit le politologue Lubomir Stéfanov.
« La seule option viable dès le départ était un cabinet d’experts. Si Nikolay Denkov (PlC-BD) et Maria Gabriel (GERB-UFD) poursuivent les négociations dans cette direction et que les autres fassent taire leurs egos, ce serait l’option la plus raisonnable. »
Et voici ce que pensent les électeurs du marchandage politique autour de la formation d’un nouveau gouvernement régulier :
« On se dirige vers de nouvelles élections, parce qu’on voit bien qu’il n’y pas moyen d’avoir une coalition entre GERB et PlC », dit une des personnes interrogées dans notre micro-trottoir. Une autre est de l’avis contraire :
« Dans cette conjoncture je ne pense pas que la répartition des groupes parlementaires changera après de nouvelles élections. Il faudra que les partis parviennent à s’entendre tôt ou tard, sinon nous irons d’élections en élections et cela ne servira à rien. »
Version française : Christo Popov
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