Les noms des 240 nouveaux députés qui composeront la 49e législature de l’Assemblée nationale ont été annoncés. Après les élections du 2 avril six partis ou coalitions auront des sièges au nouveau parlement dont la première séance se tiendra le 12 avril. La mise en place d’une majorité stable composée des deux plus grands groupes semble une gageure après le refus de « Poursuivons le changement-Bulgarie démocratique » de soutenir un gouvernement qui comprendrait les vainqueurs GERB-UFD.
« On ne peut pas s’attendre à de l’inédit, par contre une instabilité exacerbée, ça oui. Le silence presque total des partis est dû au changement de places : PlC-BD pensaient qu’ils seraient premiers et finalement ils sont deuxièmes », explique le politologue Guergui Kiryakov sur RNB-Plovdiv.
Selon lui, si la Bulgarie était un avion, c’est le président qui est actuellement à la manœuvre (Roumen Radev est d’ailleurs pilote de chasse) et les politiques auront du mal à lui reprendre le manche à balai.
« Ils sont vraiment terre-à-terre et ne voient pas plus loin que leur propre sillon dans le champ politique. On peut difficilement parler de haute voltige dans leur cas. S’ils étaient de bons « pilotes », on n’en serait pas à spéculer sur d’éventuelles sixièmes législatives anticipées » dans quelques mois, déplore Kiryakov.
Le politologue Dimitar Avramov n’écarte pas la possibilité de former un gouvernement avec le premier mandat, qui ira à GERB-UFD, avec le soutien du Mouvement pour les Droits et libertés, le Parti socialiste et « Il y a un tel peuple », car dans la 48e Assemblée nationale GERB avait pu s’accorder avec le MDL et le PS sur certaines questions, y compris sur les amendements au Code électoral qui ont fait revenir le bulletin papier.
« Ce partenariat pourrait devenir officiel dans le nouveau parlement sous une forme plus flexible, pas nécessairement un gouvernement de coalition. Il faudra naturellement une sorte d’accord politique. Cela fait longtemps que le MDL n’a pas été au pouvoir, et pour le PS c’est peut-être leur dernière chance. Ces deux partis sont donc fortement motivés pour un partenariat et un soutien de ce premier mandat. Quant à « Il y a un tel peuple », sa motivation politique est déjà bien plus nébuleuse ; il s’agit après tout d’un parti qui en l’espace d’un an et demi s’est effondré du sommet comme première force politique jusqu’à une entrée de justesse au parlement, ne franchissant que de très peu la barre des 4% requis. On ne saurait donc affirmer avec certitude qu’il peut faire preuve de rationalité politique et de comportement cohérent. »
Le refus de PlC-BD, le deuxième plus grand groupe parlementaire, de soutenir GERB n’est pas suffisant comme message aux électeurs. Il faut aussi indiquer ce qu’on propose comme alternative, pense le politologue Hristo Pantchougov.
Tout ce qui arrive était attendu, étant donné que déjà dans le parlement précédent il y avait le problème de l’incapacité à former un gouvernement autour de GERB, note le journaliste Vessélin Stoynev.
« Ce problème demeure, parce que la coalition PlC-BD est en proie à des processus internes générés par leurs leaders et qui ne font que s’approfondir. Ils sont incapables d’établir leurs priorités dans ce qui constitue l’identité de cette coalition. D’un côté il y a GERB et la lutte anticorruption, de l’autre l’orientation euroatlantique. Il s’avère qu’ils ne peuvent pas avoir les deux en même temps et il leur faut s’adapter à la situation. Quand on promet des choses comme une réforme judiciaire, des lois anticorruption, une adhésion à la zone euro et l’espace Schengen, il faut se donner les moyens de le faire ou au moins de progresser dans cette direction. Si on reste tout seul dans son coin comme un ermite et on attend que le monde vienne à nous au lieu d’aller à sa rencontre, on n’arrivera évidemment pas à remplir ses objectifs. »
Edition : Yoan Kolev
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