Le ministère des Finances a l’intention de proposer au vote du prochain parlement un projet de loi de finances prévoyant 3% de déficit budgétaire par le biais de plusieurs mesures, notamment l’augmentation de certains barèmes d’imposition, la suppression des taux réduits de la TVA à partir du second semestre 2023 et des tarifs de péage autoroutier plus élevés. Une de ces mesures prévues est une taxe sur les surprofits des entreprises pour le second semestre de l’année. En revanche, si les députés du parlement issu des législatives du 2 avril prochain décident d’augmenter le déficit budgétaire, l’adhésion de notre pays à la zone euro pourrait être remise en question et on pourrait même en arriver à demander une ligne de crédit au FMI, a prévenu la ministre des Finances Rossitsa Velkova, se voulant par la suite rassurante qu’il n’y avait aucun risque d’une faillite de l’État.
« Une réduction du déficit est possible si on supprime les allègements fiscaux des entreprises », estime l’économiste Krassen Stantchev. Cela permettrait selon lui de réduire le déficit d’environ 250 millions d’euros.
Un des outils proposés par le gouvernement intérimaire pour combler le trou budgétaire est la taxe sur les surprofits, une idée qui est loin de susciter l’enthousiasme des entreprises et des analystes. Krassen Stantchev pense qu’elle serait difficile à appliquer. « Une taxe sur les surprofits est une mesure assez choquante », déclare l’ancienne ministre de l’Économie et de la Politique sociale Lidia Chouléva. Il vaudrait mieux selon elle arrêter les indemnisations aux entreprises qui avaient été mises en place à cause de la pandémie et du bond des prix de l’électricité.
Ce type de taxation est une idée très exotique, pense aussi l’économiste Stoyan Pantchev.
« Le critère que propose Mme Velkova est celui qu’on utilise pour les compagnies de l’énergie : la moyenne du bénéfice sur les trois dernières années plus 20% », explique Pantchev au micro de Radio Bulgarie. « Si une entreprise dépasse ce total, elle est considérée en surprofit et la différence est taxée à hauteur de 33%. »
La suppression de la TVA réduite pour les hôteliers et les restaurateurs et des indemnisations pour les factures d’électricité exorbitantes inquiète les représentants de ce secteur. Selon eux cette mesure apporterait 100-125 millions d’euros supplémentaires au budget, mais cela ne suffirait pas à combler suffisamment le déficit.
Quel sera l’impact de ces mesures sur les prix de détail ?
« Le retour de la TVA à 20% dans tous les secteurs de l’économie va probablement faire encore grimper les prix », répond Stoyan Pantchev. « Cela ne suffira certainement pas à combler le trou du budget, mais l’intention du ministère est de collecter ces moyens de diverses sources. »
L’économiste est également sceptique sur la capacité de la Bulgarie de passer à l’euro en 2025.
« Un des critères d’adhésion à la zone euro est que le déficit budgétaire ne dépasse pas les 3%. L’autre gros problème est le taux d’inflation. Nous avons fait des calculs prévisionnels avec des collègues et ils indiquent que le critère du déficit budgétaire ne sera très probablement pas atteint en 2023 et que l’inflation en Bulgarie continuera d’être considérablement plus élevée que celle des trois pays de la zone euro aux taux d’inflation les plus bas, ce qui veut dire que le critère du taux d’inflation ne sera pas respecté non plus. »
Version française : Christo Popov
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