Les Bulgares se préparent à voter de nouveau à des élections législatives anticipées, les cinquièmes en presque deux ans, après le nouvel échec de constituer un gouvernement régulier. Mardi 24 janvier le Parti socialiste rendra au président le troisième mandat de gouvernement inaccompli. Le PS a depuis des années un problème fondamental dont la résolution est sans cesse reportée, ce qui l’empêche d’être perçu comme un parti qui souhaite véritablement un changement, comme l’explique sur la RNB Ivan Sotirov, ancien vice-président de l’UFD et ancien député.
« Si le PS veut être perçu comme un parti démocratique, il doit prendre clairement ses distances vis-à-vis du régime communiste, parce que la plupart des problèmes que nous connaissons aujourd’hui sont des récidives de cette période de service loyal au Kremlin. On fait du sur-place, parce qu’en 30 ans il n’y a pas eu de changement en ce sens. Le problème est que tous les partis sont plus ou moins des produits des dirigeants du Parti communiste bulgare et leurs descendants. »
Sotirov est persuadé que ce sont les partis qui portent la responsabilité de la trop longue période de temps où le pouvoir est aux mains du président Roumen Radev.
« Cette crise du système des partis cause aussi un autre problème : en utilisant la possibilité donnée dans la Constitution pour un gouvernement intérimaire on suspend le parlementarisme en Bulgarie. Nous pouvons à présent parler non pas d’une forme cachée de système de gouvernement présidentiel, mais d’un régime unitaire. »
Dans une interview à Darik radio le président a nié être le créateur d’un modèle « Radev » et a assuré s’en tenir aux pouvoirs qui lui sont conférés par la Constitution.
Dans les jours qui viennent le président va dissoudre la 48e législature de l’Assemblée nationale, nommer un nouveau cabinet intérimaire et fixer la date des prochaines législatives anticipées qui se tiendront probablement début avril.
Deux des partenaires de coalition dans le dernier gouvernement régulier, « Poursuivons le changement » et « Bulgarie démocratique », se préparent déjà pour la nouvelle campagne électorale. Les affirmations de scissions au sein de PlC ont été qualifiées de spéculations par le représentant de ce parti Daniel Lorer.
« Cela fait partie des tentatives de générer des craintes que les partis du changement vont se désagréger. Depuis l’apparition de PlC il y a quelque chose de nouveau : on travaille au grand jour et on écoute les opinions diverses. Cela agace beaucoup ceux qui ont pris l’habitude de travailler de façon opaque et d’influencer les esprits avec des méthodes du passé. Notre plan est d’avoir des listes communes avec BD dans tout le pays et nous allons ajouter à cette alliance d’autres formations nationales et régionales. Cela se fera avant les élections. »
La crise politique qui dure déjà près de deux ans suscite de plus en plus des questionnements sur le changement du système de république parlementaire en république présidentielle. Un comité d’initiative se prépare à démarrer une collecte de signatures pour un référendum avec cette revendication.
« Dans un parlement si disparate les partis ne parviennent pas à s’accorder même sur des questions fondamentales », note le maître de conférences Hristo Paounov qui enseigne le droit constitutionnel à l’Université de Plovdiv et l’Université d’Économie nationale et mondiale de Sofia. « Il y a une autre fonction essentielle qu’ils ont presque oubliée : la constitution d’organes de l’autorité publique et le changement de leurs membres à la fin de leur mandat. Lorsque le parlement ne le fait pas, cela apporte de l’eau au moulin des partisans du changement du système de gouvernement. »
Edition : Yoan Kolev
Version française : Christo Popov
Photos : RNB, BGNES, archives personellesDes négociations entre leaders politiques ne seront possibles que si elles portent sur la formation d'un gouvernement régulier et d'une majorité qui placera les intérêts de l’État au-dessus de ceux des partis. Telle est la condition posée par la..
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