"Il est nécessaire d’augmenter les revenus des gens, parce que le coût de la vie a augmenté", a déclaré le président de la Confédération du Travail "Podkrépa" Dimitar Manolov. Pour la première fois les deux plus grands syndicats nationaux, "Podkrépa" et la Confédération des syndicats indépendants de Bulgarie (CSIB) ont organisé une action de protestation massive devant l’Assemblée nationale à Sofia avec comme principale revendication la revalorisation des rémunérations à cause de l’inflation galopante. Des milliers de personnes y ont réclamé une "Revalorisation des revenus et la sécurité de l’emploi" – le mot d’ordre de la mobilisation, qui s’est poursuivie par un défilé automobile dans les rues de la capitale. "Ce n’est qu’un avertissement, la prochaine mesure sera la grève", a indiqué le leader de la CSIB Plamen Dimitrov.

"Je ne peux pas calculer nos chances de succès, mais si nous ne tentons rien, elles seront certainement zéro. On commence toujours par dire : il n’y a pas d’argent. Et puis soudain on en trouve. L’argent existe, la question est de savoir comment il est dépensé", commente Dimitar Manolov au micro de la RNB.

Une des principales revendications syndicales est d’adopter rapidement le budget pour 2023 au lieu de prolonger l’exercice du budget 2022. Le premier ministre intérimaire Galab Donev n’est pas d’accord :

"Une politique à long terme, comme celle des revenus, doit être élaborée et appliquée par un gouvernement régulier. C’est pourquoi le gouvernement intérimaire ne peut pas former de politique des revenus", a-t-il déclaré à l’Assemblée nationale.

Les manifestants réclament une revalorisation des salaires qui puisse compenser le taux d’inflation avant la fin de l’année et une augmentation d’au moins 13% des rémunérations dans le public et le privé pour 2023.

"L’inflation a officiellement atteint 18,7%, mais pour les produits de grande consommation elle dépasse les 40-50%. Il est essentiel d’augmenter les revenus. Nous exigeons que le budget 2023 soit déposé avec toutes les revendications de la CSIB, notamment l’augmentation du SMIC de 360 à au moins 435 euros. Les entreprises et structures publiques dépendent entièrement du budget de l’État et la seule façon de revaloriser les rémunérations de leurs employés est donc d’y consacrer des fonds budgétaires", indique le secrétaire général de la CSIB le docteur Todor Kapitanov. D’après lui les salaires dans le public doivent se chiffrer à au moins 920 euros bruts : c’est le revenu nécessaire à un niveau de vie correct pour une personne active.

Les sections CSIB et CT "Podkrépa" à la Radio nationale bulgare ont également pris part à la mobilisation. Les salaires de la plupart des employés de la RNB, qui est financée par une subvention de l’État, sont en-dessous de la moyenne aussi bien pour Sofia que pour tout le pays et certains sont proches du SMIC. 

Un ingénieur du son, par exemple, touche dans les 450 euros par mois. Cela rend presque impossible de trouver des spécialistes qualifiés désireux de travailler dans les divers programmes et services de la RNB (et Radio Bulgarie ne fait pas exception).

"Le budget de la RNB demeure inchangé depuis quelques années et entre-temps les frais d’entretien, de fréquences, d’électricité augmentent", indique Darina Grigorova, leader de la section de la CT "Podkrépa" à la RNB. "La facture annuelle d’électricité est d’environ 500 000 euros, l’entretien des fréquences coûte dans les 400 000 euros. Les prix des équipements techniques et tous les produits afférents ont augmenté de 20%. Nous avons vraiment besoin d’une revalorisation de notre budget, parce qu’une part de plus en plus importante de ses fonds va à nos fréquences et notre facture d’électricité."

Edition : Eléna Karkalanova

Version française : Christo Popov

Photos : Darina Grigorova, BGNES, Annie Pétrova