En Bulgarie la Semaine mondiale de l’Eau (23.08-01.09.22) a commencé avec des pluies abondantes. La ville de Karlovo a déclaré un état  de catastrophe naturelle à cause des pluies diluviennes qui ont provoqué l’inondation de plusieurs bâtiments publics et privés. Quelques heures plus tard Stara Zagora subissait des pluies torrentielles et des orages.

L’Europe dans son ensemble connaît plutôt une période de sécheresse à cause notamment des canicules record dans sa partie centrale et occidentale. Le fleuve du Danube est touché et l’eau dans sa partie bulgare ne dépasse que d’un centimètre ses niveaux les plus bas des 80 dernières années.

"Les changements climatiques et leurs conséquences semblent bien réels. La nature nous fait une démonstration indéniable aussi bien en Bulgarie que dans le reste du monde", dit sur Radio Bulgarie l’ingénieur Ivan Ivanov, président de l’Association bulgare des eaux. Selon lui de tels records de températures ne sont pas nouveaux dans notre histoire, mais c’est à cause des changements climatiques que nous vivons dans un risque perpétuel de sécheresse ou d’inondations.

"D’après ce que j’observe, il faut que la Bulgarie fasse des efforts plus focalisés pour appliquer les mesures prévues dans les plans, stratégies et autres documents qui sont très bien rédigés sous le contrôle de la Commission européenne, mais qui ensuite restent lettre morte et les mesures ne sont pas mises en pratique. La principale justification est le manque de moyens, mais si c’est effectivement le cas, cela veut dire que les mesures sont mal pensées dès leur conception. Nous n’avons pas d’organisme de coordination qui gère les eaux et les ressources aquatiques du pays et leur utilisation de la façon la plus appropriée et rationnelle possible."

La Bulgarie risque-t-elle de devenir un des pays les plus pauvres d’Europe en termes de ressources en eau ?

"Des ressources en eau, nous en avons. N’oublions pas qu’elles sont utilisées non seulement pour les besoins des particuliers, mais aussi dans l’irrigation, l’industrie lourde et légère, l’agroalimentaire. Et nous devons très bien gérer cette ressource naturelle, sinon toute l’économie nationale pourrait en pâtir. Selon moi nous ne le faisons pas. Les déperditions dans les réseaux de distribution d'eau sont en moyenne 60%, ce qui est un signe de négligence. Nous nous justifions avec les vieilles canalisations qui fuient de partout, mais on entend cela depuis 15 ans et il n’y aucun progrès, aucune amélioration. On se justifie aussi avec le manque de moyens, mais des moyens, il y en a, sauf que soit ils ne sont pas utilisés dans les délais impartis, soit ils sont mal utilisés. Par exemple il y a des installations nouvellement construites qui fonctionnent plus mal que les plus anciennes qui sont toujours en exploitation. Et aucune réaction, on ne cherche pas de coupables, on ne tire pas de leçons, rien."

Ivan Ivanov est formel : ce sont les déperditions dans les réseaux d’irrigation et de distribution d'eau potable qui sont à la base de nos crises de l’eau.

"Notre infrastructure nationale est vétuste et délabrée, parce qu’il n’y a pas eu de remplacements planifiés des installations pendant de longues années. On réagit au coup par coup quand il y a un incident et cela pose de sérieux risques."

Tout cela a en outre un effet financier sur tout un chacun. Dernier exemple en date: la Commission de régulation de l’Énergie et de l’Eau a déjà annoncé une nouvelle augmentation des prix de l’eau dans plusieurs villes à partir du 1^er août.

Version française : Christo Popov

Photos : pixabay, Victoria Topalska, bwa-bg.com