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La “Madone bulgare” d’après les codes secrets de l’œuvre de Vladimir Dimitrov le Maître...

Photo: @ArtGalleryVladimirDimitrovTheMaster

Inégalée dans les couleurs et les personnages, l’œuvre de Vladimir Dimitrov le Maître, un des plus grands peintres bulgares, est bien reconnaissable. Un artiste de génie, il a caché des symboles et des messages dans ces tableaux, interpelant tous ceux qui admireraient son talent. L’œuvre du Maître est en effet révélatrice de l’esprit bulgare, représentant la campagne, tout en traitant des sujets intemporels et universels. La guerre, l’innocence sont des thèmes qui ont marqué le peintre. Au centre de son œuvre il a placé l’homme modeste, accablé de travail, les deux pieds sur terre. “Les paysans bulgares, ce sont des patriarches et des saintes,” disait-il. C’est de cette manière qu’il les voit et qu’il les peint. Cette sainteté est confirmée par l’histoire d’un de ses tableaux les plus marquants. Il s’agit de “Jeune femme du village de Chichkovtsi”. Envoyé à la Biennale de Venise, le tableau revient en Bulgarie avec une médaille d’or et le titre de “Madone bulgare”. Toujours connu sous ce nom, il se trouve aujourd’hui à la galerie “Vladimir Dimitrov le Maître” à Kustendil.


“Nous avons un devoir envers son œuvre et sa renommée mondiale. Les énigmes des tableaux de Léonard de Vinci nous sont plus familiers mais nous ne soupçonnons même pas ce que nous a laissé le Maître. Son génie de peintre dépasse la Bulgarie, il est d’une grandeur mondiale, ”indique Evgeni Sérafimov qui est lui-même peintre de Kustendil. Il s’attarde toujours avec ses élèves devant la “Madone bulgare” qui représente une jeune fille entourée de pommes rouges et de fleurs épanouies. “C’est le portrait bulgare le plus reconnaissable. Quand on songe à la femme bulgare, c’est ce visage qui nous vient à l’esprit, ” poursuit Sérafimov en se référant aux messages dissimulés dans ce tableau :


“La jeune fille peinte par le Maître est Dafina Kotéva du village de Chichkovtsi qui à l’époque avait à peine14 ans. Le tableau dégage une énorme douceur, un visage blême sur fond d’une nature vibrante en couleurs éclatantes en arrière-plan. La jeune fille est représentée en gris et ocre, ce sont également les couleurs de sa tenue, un costume traditionnel, son visage et ses mains. On ne voit pas de tresses bigarrées qui caractérisent les costumes de la région de Kustendil. Il y a un contraste bizarre entre la fille qui évoque un spectre diaphane et l’arrière-plan de pommes mûres et de fleurs écarlates. C’est un contraste absolu qui nous frappe. Sa signification est percevable à la lumière de l’histoire de Dafina. Elle était atteinte de tuberculose, une maladie grave, un vrai fléau des villages bulgares du début du XXème siècle. Cette maladie a causé la mort de centaines de personnes à cause de la malnutrition et du manque de soins médicaux. Dafina a décédé peu après que son portrait a été réalisé par le Maître. Il faut dire que sa famille était très pauvre. Ses parents n’avaient même pas une photo de leur fille. Un plus petit portrait de Dafina, longtemps méconnu, est arrivé à la galerie il y quelques années. Vladimir Dimitrov l’avait peint pour l’offrir à la famille. D’ailleurs, si vous vous rapprochez du célèbre tableau du Maître, vous verrez dans les prunelles des pommes d’une couleur carmin encerclées de petites feuilles foncées.


Comme si les yeux de cette jeune fille consumée de langueur à l’instar d’une bougie, exprimaient une aspiration à la vie. Ses yeux reflètent peut-être un monde meilleur dominé par l’Arbre de la connaissance. Ce sont des questions que nous pose cet artiste de génie. Malheureusement, nous autres Bulgares, nous prenons à la légère ce que nous avons tandis que là, dans la nature, les traditions, le patrimoine de nos grands esprits, se cachent les choses de valeur que nous devons interpréter avant de les présenter au monde.”


C’est l’Homme qui est au centre de l’œuvre de Vladimir Dimitrov le Maître, non pas l’homme riche et influent mais le petit homme, honnête, écrasé de travail qui s’éteint déjà avec ses valeurs au début du siècle dernier. C’est ce qui le peintre a perçu et il a essayé de le préserver dans ses tableaux.

Edition : Guergana Mantchéva

Version française : Maria Stoéva

Photos : @ArtGalleryVladimirDimitrovTheMaster


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