Malgré les profonds changements politiques et sociaux à la fin des années 90 du XXe siècle, qui ont « redéfini » le calendrier des fêtes bulgares, le 1er mai, Journée internationale du travail reste toujours un jour férié, symbole de la solidarité des travailleurs. Une partie des Bulgares l’associent encore au passé socialiste du pays, d’autres le considèrent comme une date de l’histoire, rappelant un certain 1er mai 1996 aux Etats-Unis, lorsque 200 000 travailleurs américains obtiennent la journée de 8 heures. Les syndicats portaient cette revendication depuis le 1er mai 1884. En effet, la date du 1er mai était un symbole. Elle correspondait alors au premier jour de l’année comptable des entreprises. Le 1er mai 1886, tous les travailleurs n’obtiennent pas satisfaction. Une grève démarre et de violents affrontements éclatent à Chicago. Le 3 mai, trois ouvriers trouvent la mort. Le 4, une bombe explose et fait quinze morts parmi les policiers. L’idée d’une journée annuelle de revendication naît à la même époque en Europe. Le premier 1er mai se déroule en 1890 en France. Les ouvriers défilent pour demander la journée de huit heures. Ils portent un triangle rouge à la boutonnière. Ses trois côtés symbolisent le partage du temps entre le travail, le loisir et le sommeil.
En Bulgarie, cette journée de solidarité des travailleurs et d’action pour le respect de leurs droits est liée à une œuvre musicale, la marche « Chant fraternel »
” Nous entonnons le chant fraternel,
La chanson du travail !
Pour que nos cœurs soient légers,
Vivement le travail !”
Les paroles du « Chant fraternel » sont signées Guéorgui Kirkov, poète et journaliste de talent. Quant à la musique, elle est composée par Guéorgui Goranov. Né à Kustendil en 1882, issu d’une famille de réfugiés du village macédonien Virtché, à l’âge de 5 ans il découvre la musique grâce à l’instrument fétiche de son père, la tamboura /un instrument à cordes pincées au manche long/. En 1898, il est admis à l’Ecole de pédagogie de Kustendil et forme avec des camarades de classe doués un orchestre à cordes.
En 1900, à Kustendil arrive le Tchèque Karel Mahan, nomme professeur de chant à l’école de Guéorgui Goranov. Un homme de talent qui éveille l’intérêt du jeune homme pour le violon et les disciplines musicales théoriques. En 1902, Guéorgui part pour Zagreb, mais sa santé détériorée l’empêche d’aller jusqu’au bout de ses études. Il succombe à la tuberculose à l’âge de 23 ans, laissant derrière lui quelques pièces pour mandoline et des chants choraux.
Le“Chant fraternel”est composé en 1900 sur les paroles du poème „Chanson du travail“ de Guéorgui Kirkov. Il est interprété par un chœur masculin pour la première fois le 24 mai 1903, sur la grand ’place de Kustendil. Un an plus tard, la chanson est reprise par un chœur étudiant. Avec le temps, elle devient emblématique pour le combat de tous les travailleurs qui l’entonnent à l’occasion de grèves, manifestations et autres meetings.
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