“Cet album s’adresse à tous ceux qui connaissent ou connaîtront la solitude, aux émigrés réels et exilés intérieurs, à ceux qui possèdent les sens leur permettant de percevoir le chant de la mémoire. “­­­ C’est en ces termes que le chanteur Dobrin Vékilov-Donny a décrit son nouvel album "Emigré" à Radio Bulgarie. Ces dix chansons constituent le récit de la vie d’un émigré, la perception de la Bulgarie quand on n’y est plus. Une musique sur la mémoire qui nous habite et nos racines qui donnent la direction à nos sens.

Ecrit et composé par Donny lui-même, cet album a vu le jour hors des frontières bulgares :

“Depuis plus de 9 ans, nous voyageons à travers le monde avecnotre groupe la Fondation. Nous avons même accompli un tour du monde en 2018. Nous avons aussi présenté notre spectacle Sexe drogue et rock'n roll joué depuis plus de 30 ans au Théâtre de l’Armée à Sofia. Beaucoup d’amitiés se sont liés grâce à ces rencontres avec les Bulgares à l’étranger. Plus on s’éloignait de la Bulgarie, plus les gens étaient attachés à leur pays. C’était cela le sujet qui me tenait le plus au cœur. Quand je me suis mis à composer, les chansons se sont multipliées mais elles ne venaient que quand j’étais hors de la Bulgarie. Alors je me suis dit que les textes devraient prendre la même direction. Ensuite, j’ai eu l’idée de tisser un lien invisible entre les chansons pour en faire un récit unique. Les moyens expressifs relèvent du son symphonique avec en filigrane des instruments ethniques : c’est ainsi que l’album est né.  Il est sincère dans tous ses aspects et touche à quelque chose qui m’a toujours fasciné et qui ne cessera pas de me fasciner : la situation de l’émigré, “ – a expliqué Donny. 

“La Bulgarie s’est avérée être plus qu’un territoire ou une langue, la Bulgarie, ce sont nos racines, “affirme le musicien. Ces racines constituent cette trame qui fait de l’album un récit sur les étapes de la vie d’un émigré. 

Moment fugitif, Nestinarka, En avant avec le vent, On a le temps, voilà quelques-uns des titres. Quatre chansons sont nommées d’après les quatre saisons, car selon Donny, “ quand on écrit un récit sur la Bulgarie, il ne faut pas oublier les saisons“.

“Ce qui m’a toujours frappé c’est que dans les contrées lointaines où les saisons sont réduites à deux par exemple, les gens éprouvent de la nostalgie pour l’année à quatre saison, pour les parfums de leur enfance qui y sont associés.”

Le clip qui accompagne la première chanson de l’album est tourné avec la participation d’enfants issus de mariages mixtes venant de six continents. Afin de réaliser cette idée, Donny avait contacté des communautés bulgares en quête de participants : “99% de ces enfants ne sont pas nés en Bulgarie mais sont scolarisé à des écoles bulgares. Ils apprennent la langue, certains la maîtrisent très bien, d’autres l’ont parfaite grâce à la chanson. “

Les séquences de la vidéo ont été tournées à des endroits bien reconnaissables de différents pays : “On y voit le célèbre golfe de Rio de Janeiro et la statue du Christ, le fleuve Amazone, la Nouvelle Zélande, l’Australie, le Koweït, la Malte, le Mur de Berlin, Cape Town. Bref, nous faisons le tour du monde,” a précisé Donny. Il a fallu quand même faire un tri de tous les volontaires, la sélection a été faite par la réalisatrice de la vidéo Zlatka Chetkova qui a également réalisé la pochette. Donny s’est dit très reconnaissant de la passion de ces enfants et leurs familles qui lui ont envoyé des images de leurs pays adoptifs. 

Version française : Maria Stoéva