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A la recherche du temps perdu entre la Bulgarie et la Macédoine du Nord

Comment les relations bilatérales ont-elles évolué en 2021 ?

Photo: BGNES

L’année qui s’en va n’a pas apporté de percée dans les relations entre la Bulgarie et la Macédoine du Nord. Skopje n’a pas entamé de négociations d’adhésion à l’UE. Le correspondant de longue date de la RNB à Skopje Martin Minkov et le chroniqueur macédonien de renom Erol Rizaov ont commenté pour Radio Bulgarie la direction qu’ont prise les relations bilatérales en 2021.

M. Minkov : « Les deux pays campent sur leurs positions, leurs lignes rouges n’ont pas bougé d’un iota. »

Martin Minkov

E. Rizaov : « Le facteur temps dans les Balkans est terriblement sous-estimé. En l’occurrence le plus gros perdant est la Macédoine, parce que nous sommes un pays qui veut entrer dans l’UE. Mais il semble que l’ambiance commence à changer ces derniers temps et un progrès et une solution deviennent possibles. »

La Bulgarie insiste que le Traité d’amitié et de bon voisinage de 2017 soit appliqué. Outre les réunions de la commission conjointe sur les questions historiques, qui n’ont produit aucun résultat, tout le reste des relations bilatérales en discussion fait lui aussi du sur-place. Le langage de la haine côté macédonien à l’encontre de la Bulgarie et des Bulgares, lui, se poursuit.

E.R. : « Le traité signé entre la Bulgarie et la Macédoine est un bon traité. Mais il aurait dû être progressivement réalisé au lieu d’ériger en priorité les questions historiques. »

M.M. : « Depuis la reconnaissance de la République de Macédoine en tant qu’Etat indépendant jusqu’en 2019 nous accordions un très grand crédit de confiance à ce pays. Nous nous attendions à une évolution dans l’attitude de l’opinion macédonienne à l’égard de la Bulgarie. Cela ne s’est pas produit, parce que la Macédoine du Nord n’a aucunement renoncé aux idéologèmes du macédonisme. C’est une idéologie qui se base entièrement sur l’antibulgarisme et qui fournit une identité à cette jeune nation dont nous ne nions pas l’existence. »

E.R. : « L’idée est de faire un geste, un pas permettant d’entamer des pourparlers avec l’UE, quand bien même ils dureraient 10 à 20 ans. J’estime que si l’on introduit des questions bilatérales dans le processus de négociations, les Balkans occidentaux n’entreront pas dans l’UE. Si nous voulons la stabilité dans les Balkans, il est indispensable que la Bulgarie change d’approche envers la Macédoine. Ce qui se fait jusqu’à présent est une erreur : au lieu de voir ce qui nous rapproche, nous avons mis l’accent sur les différences. »

Erol Rizaov

M.M. : « L’histoire est ce qu’elle est. Elle se base sur des faits. L’erreur commise des deux côtés a été de faire porter à cette commission un fardeau d’attentes politiques. »

La fin de l’année a été marquée par la tragédie de l’accident de l’autobus macédonien qui a brûlé sur l’autoroute « Strouma ». 45 personnes y ont péri. Est-ce que cela ne montre pas combien il est urgent de construire le Corridor de transport européen 8 ?

M.M. : « Je voudrais signaler que ce drame n’a pas été exploité à des fins politiques. Une route normale sera construite tôt ou tard. Aucun gouvernement macédonien n’a fait preuve de volonté politique pour la construction du Corridor №8. »

E.R. : « Quelqu’un en Bulgarie avait proposé qu’on construise une autoroute portant le nom de Gotsé Deltchev (un héros qui s’est déclaré Bulgare, mais dont Skopje affirme qu’il serait Macédonien). L’important pour moi est combien de trains passeront sur la future ligne de chemin de fer. Elle aurait dû être construite il y a 50 ou 100 ans, mais cela ne se fait pas. Le traité signé entre la Bulgarie et la Macédoine du Nord est un bon traité et c’est exactement ce qu’il prévoit. »

Que pouvons-nous attendre des nouveaux premiers ministres à Sofia et à Skopje en 2022 ?

E.R. : « Une nation ne se crée pas par décision ou décret, mais par des processus historiques. Malheureusement nous ralentissons ces processus. La Macédoine du Nord entrera un jour dans l’UE. Dans l’intervalle le temps perdu, les obstacles mis sur sa route, les mots que nous prononçons maintenant resteront longtemps gravés dans la mémoire collective. Est-ce une bonne chose à votre avis ? »

M.M. : « J’espère qu’il y aura une approche beaucoup plus pragmatique des deux côtés. Dans un entretien au « Financial times » le premier ministre Kiril Petkov a promis que la Bulgarie proposerait un nouveau processus qui ne prendrait pas plus de 6 mois. En tout cas une chose est sûre : la Bulgarie insistera catégoriquement pour une renonciation au langage de la haine qui empoisonne les esprits dans l’opinion publique en Macédoine du Nord vis-à-vis de la Bulgarie. »

Version française : Christo Popov



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