La caricature est un commentaire satirique de ce qui arrive autour de nous, qui ne laisse personne indifférent. Les réseaux sociaux donnent le champ libre aux artistes dans ce domaine et à l’envol de leur imagination.
Avec l’arrivée de la pandémie le Covid-19 est devenu un personnage principal pour les dessinateurs du monde entier. Un an plus tard ce sujet a reculé à l’arrière-plan dans notre pays et les artistes bulgares de la caricature se sont concentrés sur les politiques. Le marathon électoral de 2021 a été pour eux une grande source d’inspiration. Les Bulgares sont allés aux urnes dans quatre élections, trois législatives et une présidentielle. La technologie a changé en raison de l’introduction des machines à voter. Les artistes ont dépeint à cette occasion l’électorat comme une machine qui vote automatiquement. Et si on y ajoute l’apparition de nouvelles formations et de nouveaux visages en provenance du monde du spectacle le tableau n’en devient que plus bigarré et plus facile à caricaturer.
Pourquoi donc de nos jours, à l’époque du numérique, les gens continuent d’apprécier et de partager des caricatures sur les réseaux sociaux ? « C’est parce que les gens aiment voir leurs dirigeants caricaturés, exagérés. C’est leur petite vengeance personnelle et ils prennent plaisir aux dessins humoristiques », dit un des grands représentants du genre en Bulgarie, Ivaylo Tsvetkov.
« Notre politique est un spectacle, mais aux dépens du peuple. Sinon, si on parle des professionnels du spectacle (qui sont entrés dans la politique), ils ne jouent pas un si grand rôle que ça, parce qu’ils ont gagné des voix, mais ont décidé de rester à l’écart du pouvoir. Mais beaucoup des partis qui se prétendent protestataires sont pleins de représentants du statu quo : députés, ministres, présidents de groupes parlementaires, ombudsmans, qui sont dans la politique depuis déjà plus de 10 ans. Ils ont été sanctionnés lors des troisièmes élections législatives, parce que le peuple souverain ne se contente pas de boire de la rakia /marc de raisin bulgare/ en croquant des cornichons et autres légumes marinés, il observe qui fait quoi. Cet été j’ai voyagé et parlé avec plein de gens. J’ai compris que les Bulgares continuent de chercher le bon chemin et d’attendre le nouveau messie qui arrangera tout à coups de baguette magique sans que nous ne fassions d’efforts. Nous persistons à répéter les mêmes erreurs et à toucher encore et encore la plaque de cuisson brûlante pour apprendre qu’il faut éviter de le faire. Nous perdons un temps précieux ! Cela fait 32 ans que dure notre période de transition et nous ne savons toujours pas où nous nous dirigeons. Je serais même prêt à accepter que nous autres caricaturistes n’ayons plus de sujets d’inspiration, mais que les choses aillent mieux pour le pays », dit Ivaylo Tsvetkov.
Le bon dessinateur doit être quelqu’un de spirituel, qui ne craint pas de commenter les thèmes de l’actualité en Bulgarie et dans le monde. « Il y a beaucoup de cas où des politiques prennent mal la façon dont ils sont représentés dans des caricatures, mais heureusement il n’y a pas d’artistes punis chez nous », ajoute-t-il.
« En Bulgarie on a la liberté d’expression, la question est de savoir comment elle est utilisée. Mais chez nous on peut tout dessiner. On peut exprimer sa pensée librement sans se retrouver en prison, sans être poursuivi ou mis à l’amende, comme cela se passe dans d’autres pays. Sinon, nos politiques se mettent eux-mêmes dans des situations embarrassantes ou comiques et le caricaturiste n’a qu’à en faire un dessin. On emploie des symboles, des paroles, des blagues même, afin de préserver la dignité de la personne visée, parce qu’ainsi on préserve aussi notre propre dignité. C’est la seule règle, tout le reste est permis si on a trouvé un sujet qui nous inspire», dit le caricaturiste Ivaylo Tsvetkov.
Version française : Christo Popov
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