Un brillant spectacle « son et lumière » présenté sur la scène d’une tour d’une hauteur de 30 mètres a réuni les habitants de Plovdiv et ses visiteurs sur le boulevard central de la ville « Roi Boris III l’Unificateur ». Malgré le froid, l’événement d’inauguration de la « Capitale européenne de la culture – Plovdiv 2019 » a attiré environ dix mille personnes (selon des données de la Police de Plovdiv) qui étaient venues pour ressentir de près l’atmosphère de la fête. Des centaines de milliers de Bulgares du pays et de l’étranger ont également regardé sur leurs postes de télévisions ce spectacle grandiose. La « ville des collines » comme on appelle souvent Plovdiv a en effet plein de choses à montrer dont un passé antique très riche, de beaux monuments architecturaux de l’époque de la Renaissance, des œuvres d’art, entre autres. Le public qui était en effet très nombreux s’attendait notamment à voir et à entendre ce qui d’habitude coupe le souffle des visiteurs de cette ville et qui fait en sorte qu’ils y retournent toujours aussi nombreux.

Dans leur désir de présenter la diversité culturelle de cette ville européenne moderne, les auteurs du scénario avaient beaucoup plus misé sur la symbolique que sur les rythmes bulgares authentiques.

L’ensemble de danses folkloriques « Trakia » sous la direction du réalisateur suisse de théâtre Gustave Rueb a par exemple surpris fortement les spectateurs par une danse moderne animée sur un fond techno. Au lieu d’être habillés avec les beaux costumes folkloriques bulgares, les danseurs portaient des vêtements de toutes les couleurs qui ressemblaient beaucoup plus à des habits de samouraïs. Le vrai folklore bulgare n’a été présenté qu’au début et tout à la fin du spectacle comme si on voulait encadrer ce tableau multicolore par les interprétations du célèbre musicien bulgare Théodossii Spassov qui a joué du kaval (flute traditionnelle), ainsi que par celles de Vania Balkanska dont la voix retentit dans le cosmos sur le disque d’or de la sonde Voyager.

Les symboles de Plovdiv – les collines, reprises discrètement dans le logo de la Capitale européenne de la culture, sont malheureusement restées inaperçues par les quelques 350 projecteurs qui éclairaient la place. Ont également été exclus du show le Théâtre antique et les temples alentour. La Tour de Babel comme les spectateurs ont, en plaisantant, appelé la scène grandiose qui a pu réunir quelques 1500 artistes, ressemblait plutôt à une grande discothèque sous les étoiles dans laquelle tout le monde dansait et chantait. 

Une bonne partie des spectateurs ont de ce fait déploré l’absence de l'esprit authentique de Plovdiv et ont aussi souligné avoir gardé une idée différente de la ville et de ses spectacles traditionnels. Nous tous, nous avons à maintes reprises admiré les spectacles « Son et lumière » de Véliko Tarnovo qui sont souvent organisés sur la colline Tsarevets et qui « envahissent » toute la ville par leur splendeur…C’est exactement à de pareils spectacles que nous nous attendions et que nous voudrions porter dans notre cœur. Car Plovdiv représente beaucoup plus que ce qui nous a été montré. 

La programmation culturelle du projet semble toutefois prometteuse et malgré les difficultés liées aux travaux de rénovation de la salle de cinéma « Cosmos » et de la salle de concerts, nous sommes convaincus que les habitants de Plovdiv sont en mesure d’accueillir de pareils événements culturels de dimensions européennes.

Version française : Nina Kounova