« La chanson du bois », tel est l’intitulé d’une exposition originale que les visiteurs de Plovdiv peuvent visiter jusqu’à la fin du mois, dans une tentative de remonter le temps pour se plonger dans l’atmosphère d’une époque où la culture urbaine faisait ses premiers pas avec l’ouverture des premiers Salons de musique, inculquant l’art et la manière du raffinement et du Beau…
Ainsi la magie de la cornemuse bulgare, appelée gaïda, du rebec et du kaval, combinée à la perfection des instruments classiques, reflète pleinement l’esprit de la Bulgarie d’après la libération /fin 19e siècle/. Et c’est justement l’idée des organisateurs de l’exposition, qui fait partie du programme de « Plovdiv, capitale européenne de la Culture » en 2019. Nous avons rencontré Biliana Popova du Musée ethnographique régional de Plovdiv :
Nous exposons un rebec très original de la fin du 19e siècle, sculpté sur bois avec un manche en mûrier. Il appartenait à un montreur d’ours du village Vinitsa. N’oublions pas que ce sont les montreurs d’ours qui diffusaient la création folklorique et les chants dans le passé, à l’origine d’un art original qui marie le spectacle, la danse et la musique, interprétés en plein air par des artistes nomades…Ainsi, les rebecs des montreurs d’ours étaient beaucoup plus grands qu’un instrument à cordes normal, pour que le son extrait se fasse entendre au loin…
Nous poursuivons la visite de l’exposition pour nous arrêter devant la première cornemuse de Guéorgui Tchilinguirov, un virtuose de la gaïda, placée à côté de l’harmonium du grand esprit de la Renaissance, auteur du Dictionnaire de la langue bulgare, Nayden Guérov.
Biliana Popova poursuit son récit :
La Bulgarie est encore sous domination ottomane lorsque, petit à petit, commence à se former une société urbaine et mondaine de type nouveau, qui affiche clairement ses goûts musicaux. Le pays s’ouvre sur l’Europe, un grand nombre de négociants et d’artisans commencent à voyager et rentrent au pays aves des instruments de musique, achetés en Europe. Les premiers ateliers et boutiques d’instruments à musique ouvrent leurs portes. Quant à la musique européenne, elle est apportée par les émigrés et les Bulgares de l’étranger dont une partie suit des études dans les universités européennes.
Les premiers chanteurs et solistes bulgares, tout droit sortis des Conservatoires d’Europe, commencent à se produire dans les plus grandes salles lyriques au monde.
L’exposition attire l’attention sur trois grands noms bulgares – Sacha Popov, un violoniste virtuose, chef d’orchestre et fondateur de l’Orchestre symphonique royal, précurseur du Philharmonique de Sofia ; Vasko Abadjiev, l’enfant prodige du violon, proclamé le « Paganini du 20e siècle » et Néda Ftitchéva, une violoniste remarquable, grande pédagogue au Lycée des filles de Sofia.
En Bulgarie, les concerts étaient organisés dans les salles mais aussi lors des bals, où certains invités doués jouaient en public, tout en respectant un programme très strict, qui commençait par une danse polonaise, suivie de la valse, avant de clore le récital par un khoro typiquement bulgare. Une époque charnière où les nouveaux instruments venus d’Europe cohabitaient avec les instruments traditionnels bulgares, ce qui faisait le charme de l’interprétation, où le rebec pouvait très bien se marier aux rythmes du violon, et vice versa…
Enfin, les visiteurs de l’exposition «La Chanson du Bois » pourront aussi assister à la reconstitution de deux mariages typiques bulgares, avec les instruments incontournables, notamment la cornemuse, qui s’accorde parfaitement à la « guitare zither» européenne…
Récit : Sonia Vasséva
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