A la veille des fêtes de fin d’année, les chaînes de télévision s’empressent à présenter des films romantiques relatant la vie heureuse de familles s’inspirant de l’approche de Noël et du Jour de l’An. Sur un fond de sourires et de meilleurs vœux, des publicités abondent concernant l’achat de cadeaux à des promotions de fête. Alors que derrière les vitrines décorées et les courses que chacun fait pour rendre heureux ses plus proches se cache une pauvreté écoeurante qui relate l’autre visage de la fête. C’est ce visage notamment qui nous incite à ouvrir nos cœurs pour eux – les orphelins, les sans-abri, les familles pauvres, et à essayer de réchauffer leurs cœurs ne serait-ce qu’en leur accordant une attention plus particulière dans le but de soulager leurs douleurs, ainsi qu’en les accueillant dans notre maison ou ailleurs. Ceux qui nécessitent le plus de chaleur et de confort familial sont notamment les enfants qui d’une manière ou d’une autre n’ont pas la possibilité de vivre avec leurs parents biologiques. C’est dans leur intérêt qu’est créé le dit « soin d’accueil » qui a pour but de remplacer pour une période déterminée de temps l’absence du milieu familial :

En fait tout s’apprend ex tempore aussi bien par les enfants en besoin que par les parents d’accueil. L’employeur des familles d’accueil est la Municipalité de Sofia. C’est par cette dernière qu’est également assuré le financement nécessaire. Nous représentons une organisation de soutien qui joue le rôle de superviseur et qui s’engage à organiser des rencontres mensuelles avec les familles d’accueil, ainsi que des visites à domicile. Nous avons une riche expérience dans ce domaine et non seulement travaillons avec les candidats à devenir des parents d’accueil, mais également les soutenons après qu’ils le soient devenus. Nous faisons tout cela gratuitement et avons l’intention de faire en sorte que ce service se développe et perfectionne de la meilleure manière possible.

Le but du soin d’accueil consiste à ce qu’une chance soit donnée à l’enfant de grandir et de se former comme individu au moment même où il est en manque de soutien parental. C’est exactement ce qui motive Maria Blagoéva de devenir parent d’accueil en 2009. C’est alors qu’elle rencontre Rémi, « un enfant perdu d’origine nigérienne qui n’a personne à s’occuper de lui ». C’est ainsi que son destin change radicalement et il finit par devenir danseur, « titulaire de nombreuses coupes et distinctions et il devient aussi propriétaire d’une école de danse ». Actuellement Maria prend également soin de deux enfants, frère et sœur, âgés de 9 et 10 ans qu’elle élève depuis voilà déjà 6 ans :

Ces enfants grandissent devant nos yeux. Le garçon est un excellent élève, la fillette est une vraie samaritaine. Elle est très motivée, très bien organisée et bien consciente de son avenir. Elle souhaite devenir infirmière ou bien médecin vétérinaire. Le garçon est pour sa part très sage et à certains moments j’ai l’impression de m’entretenir avec une personne adulte. Il se rend régulièrement chez Rémi pour y apprendre à danser, accompagnée de sa sœur. Tous deux font leurs études dans des écoles privées car n’ayant pu s’adapter aux particularités des écoles publique.

Quels sont les côtés positifs et les côtés négatifs de la famille d’accueil ?

Il n’y a que des côtés positifs pour les enfants. Pour ce qui est des parents – ils doivent être bien conscients des changements radicaux qui interviendront dans leur quotidien. Ma vie se divise en deux – avant et après l’engagement de devenir parent d’accueil. J’ai le sentiment qu’avant j’ai été une personne toute différente. J’ai changé mon cercle d’amis, ma mode de vie. J’ai un fils biologique qui me dit de temps en temps « maman, tu ne t’es jamais occupée de moi de cette manière ». S’il faut être tout à fait sincère, il faut reconnaître que ces enfants ont beaucoup plus besoin de soins car ayant de sérieuses blessures dont ils devraient être guéris. Ensemble nous traversons des joies et des peines, des victoires et des échecs. Une chose est sûre, ces enfants nous sont très chers.

Maria est membre de l’Association nationale des familles d’accueil et communique beaucoup avec des parents d’accueil de tout le pays. Elle est consciente de leur grande inquiétude – la dite réintégration ou bien le retour dans la famille biologique. Quand l’enfant retourne dans la famille dont il avait été évacué à un moment donné en raison d’un quelconque risque et s’il se retrouve à nouveau dans ce cercle vicieux, l’effet de la famille d'accueil se perd.

C’est un très fort traumatisme aussi bien pour l’enfant que pour ses parents d’accueil car il ne lui est pas permis de les revoir ; eux, de leur côté se sentant carrément trahis. Si son retour chez ses parents biologiques est réussi, si ces derniers le soignent correctement, ou bien s’il est adopté par des gens qui l’aiment, on pourrait dire que la mission du soin d’accueil est remplie. C’est exactement l’objectif de ce dispositif – tendre la main à un enfant dans le besoin, lui apprendre à voler de ses propres ailes et l’aider à se rendre là où il sera plus heureux. C’est alors que le parent d’accueil est également content et satisfait. 

*D’après des données émanant de l’Agence de l'assistance sociale qui datent de la fin de l’année en cours, les familles d’accueil en Bulgarie sont au nombre de 2175, la majorité se trouvant dans la région de Varna – 144, de Choumen – 142, Véliko Tarnovo et Montana – 134 chacune, Pleven – 131, Haskovo – 128, Pazardjik – 114.  A Sofia les familles qui ont ouvert leurs cœurs pour des « soins d’accueil » sont au nombre de 55 uniquement.

Version française : Nina Kounova