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Au plus bas depuis 2008, le chômage commence à freiner la croissance économique de la Bulgarie

A l’heure actuelle, le chômage en Bulgarie est au plus bas depuis 10 ans. En effet le taux des demandeurs d’emploi a atteint les 7.2% de la population active, soit environ 200 000 personnes. Dans le même temps 300 mille Bulgares en état et en âge de travailler n’ont pas d’emploi, n’en cherchent pas et ne font pas des études. Et tout cela à la lumière des hommes d’affaires de plus en plus inquiets  par le manque de main d’œuvre. Ce puzzle est couronné par les chiffres témoignant que malgré tout l’économie bulgare est florissante avec un taux de croissance du PIB de 4% et avec des perspectives encore meilleures pour l’année en cours et l’année prochaine.

Les experts considèrent toutefois que le tableau n’est pas aussi réconfortant en vérité qu’il le paraît à première vue. Car on peut très bien observer en ce moment une croissance économique mais il ne faudrait pas sous-estimer et oublier le cruel manque de nouveaux investissements étrangers, c’est-à-dire de capital productif, et la pénurie de main d’œuvre, c’est- à-dire de capital humain.. La croissance de l’économie est soutenue par la demande domestique et par les exportations, mais elle ne repose pas sur de nouveaux investissements dans des usines et dans les hommes. Malgré quelques évolutions encourageantes ces derniers temps, tout cela met en question la stabilité de cette croissance économique. Ce n’est certainement pas par hasard si certains observateurs parlent de bulle et de surchauffe de l’économie qui pourrait exploser un jour avec des dégâts partout par manque de solide base.

En principe, la baisse du taux de chômage est quelque chose de positif. Dans le cas concret de la Bulgarie cependant il y a des nuances. Car la chute du chômage est bien sûr le fruit de l’expansion économique, mais aussi à l’exode de main d’œuvre. Il n’y a pas en pratique de famille bulgare sans que quelqu’un de cette famille ne soit pas parti travailler à l’étranger. Et ceci concerne avant tout les travailleurs qualifiés et expérimentés. Tout simplement ils sont partis en quittant le marché bulgare de l’emploi et ceci est une raison pour la chute du taux du chômage – nombreux sont ceux qui ont tout simplement trouvé du travail à l’étranger.

Il est vrai qu’il existe beaucoup de raisons pour la migration des travailleurs bulgares. La principale toutefois est celle des bas salaires, Des salariés pauvres on retrouve partout en Bulgarie et dans presque toutes les professions – des simples ouvriers à tout faire à la qualification rudimentaire jusqu’aux hautement qualifiés économistes, médecins et chercheurs. Eux tous ils ne sont tout simplement pas motivés à rester en Bulgarie pour travailler pour soi-même et pour le pays.

Du moment où on observe ce phénomène pendant une période de croissance économique on pourrait très bien se demander ce qui va se passer quand la récession reviendra inévitablement un jour en Bulgarie. Cette perspective peu réjouissante décourage encore plus ceux qui souhaiteraient rester et travailler en Bulgarie

L’exode de la crème de la main d’œuvre bulgare et de son capital humain le plus précieux ne saurait que dégrader encore plus les conditions économiques. Si on y ajoute la population vieillissante diminuant chaque année encore plus nous arrivons à la conclusion que la croissance économique est fortement menacée en Bulgarie car il n’y a plus de travailleurs. Et le niveau bas jamais vu ces 10 dernières années du taux du chômage ne fait que prouver cela. Des experts de notoriété estiment que si les employeurs arrivaient à trouver les travailleurs dont ils ont besoin, la croissance du PIB aurait pu être de 6% ou même davantage ce qui aurait pu réduire encore plus vite le gouffre entre le niveau de vie en Bulgarie et dans les pays européens développés. Ceci aurait pour sa part eu un effet positif sur la réduction de la migration. Mais avec des « si »’ on ne fait pas une économie et les autorités le savent très bien. Ce n’est certainement pas un hasard si elles font toutes sortes d’efforts pour améliorer et financer la qualification professionnelle des chômeurs de manière a ce qu’un un nouveau équilibre entre l’offre et la demande sur la marché du travail soit trouvé.

En regardant de près l’exemple des pays développés on ne manquera pas d’apercevoir qu’il existe un autre moyen pour attirer la main d’œuvre nécessaire – il suffit d’importer des travailleurs étrangers. Cette méthode n’est pas passée inaperçue par les hommes d’affaires bulgares. Il s’agit tout de même d’une tâche extrêmement difficile car en principe la main d’œuvre étrangère circule des pays moins développés en direction des pays plus aisés. Ceci signifie que la Bulgarie ne possède presque rien d’attirant pour que des travailleurs étrangers viennent dans le pays. Malgré cela nous avons été déjà les témoins de quelques tentatives dans ce sens avec l’import de main d’œuvre d’Ukraine, Moldavie et Arménie. En ce moment les autorités travaillent sur de nouvelles mesures administratives pour faciliter l’accès au marché du travail de cette catégorie de travailleurs. Les observateurs ne sont cependant pas optimistes car de pays du genre de ceux-là on ne devrait pas s’attendre à des flux de travailleurs qualifiés qui sont tellement nécessaires à la l’économie de plus en plus technologique et numérique bulgare. Les experts sont également pessimistes au sujet de l’éventuel retour dans la patrie des émigrants bulgares. Nombreux sont en effet ces Bulgares de l’étranger qui ont déjà acquis des biens immobiliers et qui ont des familles là-bas. Il leur sera extrêmement difficile d’abandonner tout cela, motivés uniquement par un patriotisme nostalgique. Ce qui fait que les mesures des autorités dans ce sens n’ont également pas beaucoup de chances et qu’elles ne garantissent pas au business la sortie du tunnel. Ce qui est quand même réconfortant dans toute cette histoire c’est que la croissance économique et la pénurie de travailleurs qu’elle a créé sur le marché de l’emploi ne durera pas toujours et qu’un beau jour on verra des surplus de main d’œuvre. Espérons que d’ici-là on arrivera à trouver des solutions pour améliorer la qualité et la quantité de la main d’œuvre en Bulgarie.



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Rossitsa Stéliyanova

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