La Saint Athanas marque le début de la fin de l’hiver…Telle est la conviction que partageaient nos anciens, qui rendaient hommage à Saint Athanas le 31 janvier, d’après l’ancien calendrier. De nos jours, la fête du saint a été avancée de 13 jours et tombe le 18 janvier. Et même si l’hiver est encore là et qu’il vente et qu’il neige, on voit déjà pointer, par ci par là, les têtes timides des premiers perce-neiges, et l’on entend même au meilleur de la journée le chant des oiseaux qui encouragent le soleil à se manifester…

Et pourtant, la veille de la Saint Athanas, l’Eglise orthodoxe bulgare marque la fête de Saint Antoine. Il est considéré comme le fondateur de l’érémitisme chrétien. A l’âge de 104 ans Antoine sort vainqueur d’un débat public face aux disciples d’Arius et ce triomphe est considéré comme le triomphe du christianisme. Selon la tradition populaire on fête deux frères jumeaux - les forgerons Andon et Athanas. Ils sont fêtés successivement le 17 et le 18 janvier et c'est aussi la fête des forgerons, des ferrailleurs et des couteliers et de tous ceux qui portent ces noms.

Nous avons rencontré Athanas Péev, forgeron de 34 ans, originaire de la ville de Smolian dans le Rhodope. Passionné de fer forgé depuis toujours, son hobby est vite devenu son métier…

Pour être un bon forgeron, il faut avoir le goût du travail et de la précision. C’est un métier qui n’est pas facile, le marteau est lourd, et puis il faut aimer le matériau qu’on travaille et qu’on façonne. C’est un métier qui vient du cœur et qui se fait de plus en plus rare, comme d’ailleurs les autres artisanats. Il fut un temps où le forgeron et son travail étaient à l’honneur dans les villages bulgares. Et le métal travaillé se transformait  sous les mains habiles de l’artisan en instrument, en ustensile de cuisine, que sais-je encore… De nos jours, le métier de forgeron ne me permet pas de vivre correctement, alors je m’occupe aussi à sculpter les métaux. Et puis, pour mettre de l’ambiance, je joue de la cornemuse. C’est une belle source d’inspiration. Mais pour en revenir à mon métier de forgeron, les commandes sont très différentes, toujours au gré du client, et pour moi, c’est à chaque fois un défi à relever, pour montrer ce dont je suis capable. S’il est vrai que les machines et la technique sont très présentes dans notre vie aujourd’hui, elles ne suffisent pas à se substituer au travail de l’être humain et à son imagination. Vous prenez un morceau de fer et vous en faites un chef d’œuvre…

En 2013, le forgeron Athanas Péev s’est vu récompenser du prix national “Gardien des traditions”, dans la catégorie “Métiers d’art”. Et après avoir remercié le jury et le public, Athanas Péev leur a offert une interprétation à la cornemuse. Les récompenses et les bonnes critiques que je reçois me touchent profondément et me donnent les forces de continuer – nous a confié Athanas Péev avant de continuer :

Ce qui compte le plus dans ma vie, ce sont mes amis que je retrouve à chaque fête. Nous passons de bons moments ensemble, nous jouons de la cornemuse. Je suis heureux d’avoir des amis fidèles qui sont toujours là pour moi. Nous autres, natifs du Rhodope, nous sommes connus pour notre hospitalité. Chacun est le bienvenu et la porte de nos maisons est toujours ouverte. Quant à nos enfants,  ils sont nourris aux sons de la cornemuse et c’est un plaisir pour nous de les voir perpétuer cet art…

Récit : Sonia Vasséva
Photos: BGNES, pazitelnatradiciite.com et radiovelikotarnovo.com