„Origines – Famille – Patrie” trois mots qui décrivent le mieux l’édition 2018 du traditionnel calendrier publié par les soins du Musée d’Histoire de la ville de Plovdiv. D’un style sobre et élégant l’édition réunit images et textes qui mettent à l’honneur les grandes figures du passé, symbolisant la ville des trois collines ou l’antique Trimontium. Le directeur du Musée Stefan Chivatchev feuillette pour nous les pages du calendrier:
« Le calendrier traduit l’amour de nos concitoyens et de tous ceux qui aiment notre ville, ceux qui vivent aux quatre coins du monde et qui sont sensibles à l’histoire de Plovdiv. Le calendrier 2017 était dédié aux endroits symboliques de notre ville – aux places, rues et quartiers pittoresques. Cette année le calendrier s’articule autour des origines, des familles et de la patrie. Nous rendons hommage aux familles, arrivées à Plovdiv durant la première décennie du 19e s., ayant laissé derrière elles la montagne de la Sredna Gora, les Rhodopes, la Macédoine. Elles y ont trouvé un terrain d’action et de réalisation de leurs capacités et de leur esprit ouvert et entreprenant qui leur ont apporté prospérité pour la plupart, richesse pour certains et les ont fait connaître comme maîtres artisans et négociants réputés, depuis Smyrne jusqu’à Vienne et Manchester. Ce sont justement ces familles qui lancent le combat pour l’identité bulgare, au 19e s. Plovdiv est une ville d’aspect oriental, la population musulmane y prédomine, alors que certains Bulgares, de rite chrétien orthodoxe se prennent d’une manie déplorable qui les mène à gréciser leur nom, leur patronyme, à imiter le mode de vie grec. C’est pour parer à cette mode funeste que les familles issues des bourgades empreintes de l’esprit de la Renaissance bulgare de la fin du 18e et du début du 19e siècle prennent la tête du combat pour l’esprit et l’identité bulgare. Dès 1849 ils proposent de donner un nom bulgare à la ville – Plovdiv. Jusqu’à cette époque elle était connue par son nom turc Philibé, une altération du nom grec Philippopolis. Ils avancent sans hésitation sur la voie choisie en finançant l’édification d’églises chrétiennes qui font la fierté de notre ville. Ils ouvrent une Ecole de l’éparchie qui forme tous les maîtres d’école de la Bulgarie de l’époque. Ces hommes à l’esprit éveillé et patriotes convaincus sponsorisent la publication et la diffusion de plus d’un millier de manuels et autres livres scolaires jetant ainsi les bases de l’enseignement bulgare contemporain. Je pense qu’avec ce calendrier nous avons réussi grâce aux photos à illustrer les faits historiques et à fournir toutes ces informations précieuses qui jettent la lumière sur le parcours de ces grands hommes, figures emblématiques de l’esprit identitaire bulgare. »
Avant de se fixer à Plovdiv, les membres de ces familles n’avaient fréquenté que les écoles mutuelles auprès des églises et des monastères. Et pourtant les pères envoient leurs enfants étudier dans les universités européennes et, ces jeunes gens bien éduqués, revenus au pays prennent la tête de la vie économique et politique de leur patrie déjà libérée. Ils sont politiques, maires, ingénieurs, médecins, ingénieurs, architectes. Stefan Chivatchev rappelle les noms de quelques- uns d’entre eux :
« Le docteur Konstantin Stoïlov est le premier Bulgare, docteur en droit, qui, diplômé d’une université allemande s’est spécialisé en France et qui accède au poste de premier ministre à deux reprises : en 1887 et ensuite de 1894 à 1899. Nous avons aussi Ivan Evstatiev Guéchov qui décroche son diplôme dans une école de commerce de Manchester, en Grande-Bretagne. Il a été un des maires de Plovdiv qui a le plus fait pour sa ville avant de se lancer dans la carrière diplomatique. Les descendants de la deuxième et de la troisième génération de ces familles de Plovdiv sont des personnes que nous considérons à juste titre comme „bâtisseurs de la Bulgarie contemporaine“. »
Le calendrier 2018 nous replonge dans l’esprit et l’ambiance du Plovdiv d’autrefois et du Plovdiv d’aujourd’hui et son charme qui n’a pas pris une ride opère sans faille. Il y a un détail qui nous interpelle et qui mérite réflexion – la raison qui poussait ces jeunes patriotes, diplômés des grandes écoles européennes à revenir au pays pour y appliquer leur savoir-faire et leur science.
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