Pour sa première visite bilatérale de chef d’Etat, le premier ministre macédonien Zoran Zaev a choisi la Bulgarie, juste après s’être rendu à Bruxelles. Cela n’est pas un hasard, au début de son mandat la nouvelle majorité du parti social-démocrate macédonien veut envoyer un signal fort de volonté de rapprochement avec ses voisins, après de longues années d’isolation. L’objectif du nouveau gouvernement est d’avancer au plus vite sur l’agenda d’intégration dans l’UE et dans l’OTAN. Pour cela il a besoin de reprendre les pourparlers sur plusieurs thèmes litigieux avec le voisinage. D’une part, il y a la Grèce qui depuis 25 ans bloque avec son droit de véto la reconnaissance du pays par les institutions internationales sous l’appellation République de Macédoine. Avec la Serbie, il y a toujours un désaccord sur le tracé exact de la frontière entre le deux pays, alors qu’à l’Albanie et au Kossovo Skopje reproche d’intervenir dans les affaires intérieures du pays à travers le facteur albanais. Avec la Bulgarie, les différents tournent depuis toujours sur des questions « romantiques » de revendications nationales de rois, héros, écrivains, dates historiques et événements fondateurs pour les deux Etats.
A Sofia Zoran Zaev a été catégorique - il faut tourner la page, dépasser les « phobies et stéréotypes » du passéet rompre avec le langage agressif et nationaliste vis-à-vis de la Bulgarie. Enfin, le fameux Accord de coopération et de bon voisinage sera signé le 2 aout, bien qu’il n’y ait pas encore de d’unanimité sur tous les points du document. Un des points de désaccord historique est la « nationalité » du mouvement révolutionnaire qui se met en place à la fin du 19e siècle et mène à la légendaire Insurrection d’Ilinden en 1903. Selon la doctrine national bulgare, les révolutionnaires sont bulgares, de l’autre côté on revendique le mouvement comme macédonien fondateur de l’Etat contemporain. Il est célébré dans le deux pays le 2 aout et désormais l’accord de bon-voisinage permettra aux deux pays de le marquer ensemble, en s’échangeant des visites officielles. Un autre geste symbolique – Zoran Zaev a déposé une gerbe devant le monument du roi Samuel qui est également revendiqué par les deux pays. Il a ainsi voulu signifier que les personnalités historiques peuvent faire partie des patrimoines des deux nations, sans prétendre aux droits d’exclusivité.
La Bulgarie de son côté a accepté de faire un pas en acceptant de nommer une rue à Sofia au nom du président macédonien Boris Traykovski (1956-2004). A Skopje, une rue portera le nom du Président bulgare Jeliou Jelev qui était le premier à reconnaitre l’indépendance nationale de la République de Macédoine en 1991.
Au sujet de l’entrée dans l’UE et dans l’OTAN, le premier ministre Zoran Zaev a reçu le soutien du président Roumen Radev et du premier ministre Boyko Borissov. Là encore les conditions posées par la Bulgarie sont en relation avec la doctrine nationale – que la Macédoine ne revendique plus l’existence d’une minorité nationale macédonienne dans la région du Pirin, mais qu’en revanche elle accepte de reconnaitre une minorité nationale bulgare sur son territoire.
Hélas, sur des thèmes qui concernent concrètement les citoyens des deux pays comme les infrastructures, la construction d’une autoroute entre Sofia et Skopje, ainsi qu’une ligne ferroviaire dont on parle depuis les années 80 on n’a rien entendu de concret. Il n’en reste pas moins qu’après une décennie de stagnation, cette rencontre ouvre une nouvelle aire dans les rapports entre les deux pays.
Version française : Miladina Monova
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