Lors de sa rencontre avec Angela Merkel la semaine dernière à Berlin, le premier ministre Boyko Borissov avait proposé ses services de médiateur entre l’UE et la Turquie, en mettant en avant les bonnes relations entre Sofia et Ankara. Et voilà qu’après la fin de sa visite officielle hier à Ankara, les attentes de cette bonne relation ne font que croitre, surtout à la veille de la présidence bulgare du Conseil de l’UE.

L’accueil réservé à Borissov par le premier ministre turc Binali Yildirim et le président  Recep Erdogan montre qu’en effet, la Bulgarie est bien vue à Ankara. Le président turc a déclaré qu’il connaissait bien « la contribution personnelle de Borissov et son désir de voir la réalisation de l’accord d’association entre la Turquie et l’UE ». Il s’est dit reconnaissant que les responsables politiques bulgares « se soient montrés plus adéquats dans leur réaction au coup d’Etat en Turquie que d’autres États européens ». Les commentateurs ont noté que le président Erdogan a reçu Borissov pendant 3 heures, ce qui témoigne de l’importance de cette rencontre.

Or, toutes ces bonnes manières ne signifient pas encore que quelque chose de constructif suivra forcément. Même Boyko Borissov avait fait comprendre, avant de partir pour Ankara, que son seul désir de médiation dans le dialogue entre la Turquie et l’UE ne sera pas suffisant. La Turquie adresse des demandes claires à l’UE, dont certaines sont difficilement réalisables. Le premier ministre Binali Yildirim demande que lors de la présidence bulgare du Conseil, le régime des visas pour les citoyens turcs soit supprimé et que les négociations pour l’entrée de la Turquie dans l’Union avancent. A ces questions Borissov ne peut donner de réponse à lui seul, ce qu’il a d’ailleurs dit à son homologue : « je ne peux rien promettre » et « tout dépend de l’attitude d’Ankara ». Le premier ministre est resté très vague et s’est dit « optimiste, étant donné l’appartenance des deux pays à l’OTAN, les intérêts communs dans les accords douaniers, etc. A cette étape, le plus important pour le premier ministre bulgare est « de revenir au bon ton et de rétablir les relations de tolérance ».

La grande réussite de Borissov dans cette rencontre est d’obtenir la promesse d’Erdogan de conclure un accord bilatéral pour la réadmission des migrants, si jamais un tel ne voit pas le jour au niveau Turquie-UE. Selon Borissov, un tel accord profiterait à toute l’UE, vu qu’ils s’agit d’une frontière extérieure de l’Union. En une dizaine de jours, Borissov a rencontré les chefs d’Etats de trois grandes nations – la France, l’Allemagne et la Turquie, qui lui ont accordé un crédit de confiance pour son 3^e gouvernement. Il reste à voir si la Bulgarie a réellement la capacité de jouer le rôle de médiateur entre la Turquie et l’UE et quelle sera la position de la nouvelle majorité sur les grands dossiers de l’Union.