Depuis les élections dimanche, le drame à droite ou plus exactement dans le milieu de ce qu’on appelle « la droite traditionnelle » prend des proportions sans précèdent. La raison en est l’échec cuisant de l’ancien allié de GERB le Bloc réformateur (BR) et du parti Nouvelle république composé des Démocrates pour une Bulgarie forte (DBF) et de ceux qui ont quitté la coalition Borissov 2 et le BR. Les résultats parlent d’eux même : 3,06% pour le BR aux élections et 2,48% pour la Nouvelle république. Aucun ne dépasse la barre des 4% pour entrer au parlement. On n’est donc pas surpris qu’une bagarre ait explosée au sujet de « si on était resté ensemble et pourquoi on ne l’a pas fait ».
Lundi, c’était Radan Kanev, dirigeant du DBF et de la Nouvelle république qui a présenté sa démission des deux postes. Mardi c’était au tour de Bojidar Loukarski leader d’un autre petit parti (Union des forces démocratiques- UFD) de donner sa démission avec l’ensemble de la direction du parti. Il était aussi codirigeant de la coalition BR-Voix du peuple, formée à la veille des élections. Loukarski était aussi ministre de l’Economie au sein du gouvernement Borissov 2. Jeudi ont démissionné le Conseil politique du BR, alors que l’Union nationale agraire bulgare dont émanait l’ancien ministre de la Défense Nikolai Nentchev s'est adressée aux cellules locales pour décider si le parti doit rester au sein du BR.
Les démissionnaires ont tous souligné qu’ils se retiraient de leurs fonctions car ils n’avaient pas été capables de mobiliser le vote des « 300 000 électeurs de droite » et que par conséquent, ces derniers ne sont pas représentés au nouveau parlement. Alors que la Bulgarie est à la veille de prendre la présidence tournante de l’UE où elle doit défendre des positions fermes par rapport à des sujets clés, cette disparition de la droite traditionnelle du parlement augmente les craintes d’une surreprésentation de la gauche.
Après la démission du Conseil politique du BR, ce dernier a annoncé que les pourparlers pour un rassemblement de la droite vont démarrer. On ne sait pas encore quelle forme va prendre cette union et dans quelle mesure la fragmentation sera dépassée – un parti unique, des coalitions de partenaires, un rassemblement derrière une plateforme commune ? Pour le moment on ne sait même pas à qui exactement s’adresse cette invitation.
Car, actuellement, on est dans la phase des accusations mutuelles et règlements de compte entre personnes. Pour l’ancien ministre B. Loukarski de la formation UDF, tout le monde du BR est coupable, alors que du côté de la formation Bulgarie des citoyens, Mégléna Kounéva ne doit pas démissionner de la direction parce que ce n’est pas son parti mais le BR en tant que coalition qui est responsable. Le petit Parti populaire « Liberté et dignité » qui a quitté le BR en mars a rejoint DOST de Lutvi Mestan. Ce dernier vient de déposer une plainte à la Cour européenne de Strasbourg contre l’Etat bulgare pour avoir empêché le vote des ressortissants bulgares en Turquie.
Ce qui préoccupe beaucoup la droite traditionnelle c’est aussi le positionnement sur l’échiquier de la nouvelle formation "Oui, Bulgarie" qui a remporté 2,88% des voix. Le parti fondé par Hristo Ivanov - ministre de la Justice qui avait quitté le gouvernement Borissov 2 après l’échec de sa proposition de réforme du système judiciaire a fait une campagne sur le refrain « ni de droite, ni de gauche ». Or, en réalité "Oui, Bulgarie" a attiré le vote de l’électorat libéral qui se distancie du conservatisme affiché des autres partis de droite. Cependant, les composantes du BR espèrent que "Oui Bulgarie" révisera ses réticences et finira par retourner au bercail. Hristo Ivanov lui-même estime que la cause principale de l’échec du BR c’est sa participation au pouvoir avec GERB. Il reproche aux autres partis d’avoir tiré à bout portant sur lui pendant la campagne, mais déclare n’avoir « coupé les ponts avec personne ».
Version française: Miladina Monova
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