« Je demande 50 euros d'augmentation de salaire ». C’est ce qu’on peut lire sur les cartes de vœux que la Confédération des syndicats indépendants bulgares (CSIB) a envoyé à de nombreux patrons à l’occasion des fêtes de fin d’année. Le syndicat estime qu’en Bulgarie on pratique le dumping social et le cout dу travail est maintenu très bas, d’où les rémunérations insuffisantes qui ne suivent pas les cadences d’augmentation de la productivité. Par conséquent, il est urgent de récompenser les salariés, surtout dans un contexte où la productivité dans certains secteurs dépasse celle de pays plus développés.

Selon des données fournies par Eurostat, le rapport entre la productivité et les salaires place la Bulgarie à une des premières positions dans l’industrie de transformation. Peut-être, mais les rémunérations dans ce secteur ne représentent que 50 à 80% de celles dans les autres pays nouveaux membres de l’UE, sans parler des écarts énormes avec les plus développés. Un salarié bulgare dans l’industrie de transformation touche environ 395 euros, alors qu’en Espagne pour le même travail il touche 2 200 euros, ce qui fait environ cinq fois plus.

Dans le contexte d’augmentation de la productivité de 4% en 2016, les représentants syndicaux insistent pour une augmentation des salaires dans tous les secteurs. Ils sont d’avis que l’état dans lequel se trouve actuellement l’économie nationale permet une augmentation des rémunérations de 75 euros pour tous les salariés. Selon Plamen Dimitrov, président de la CSIB, une augmentation semblable pourrait signifier une hausse d’environ 10% du salaire moyen dans le pays:

“Nous avons annoncé des chiffres concernant toute la période de transition. Selon les statistiques indiquant l’évolution de la productivité, la valeur ajoutée augmente aussi. Et on découvre que le salarié bulgare produit deux fois plus que ce qu’il ne touche réellement. Dans l’industrie lourde la productivité a augmenté 3-4 fois, 5 fois même dans certains secteurs. Il s’agit dans ce cas concret de faits que tout le monde pourrait voir sur nos graphiques et tables. Sur notre site « Je demande 50 euros’ on trouve des infos sur tous les secteurs. Or, quand les chiffres parlent, certains observateurs devraient garder le silence. Quand on a travaillé pendant des années et qu’on n’a pas été récompensé équitablement, cela veut dire que l’employeur s’est approprié la valeur ajoutée. Maintenant vient le temps pour établir de nouvelles règles sur le marché de l’emploi. Je suis optimiste et j’estime que les revenus augmenteront pour deux principales raisons : l’économie peut se permettre de payer plus l’offre sur le marché de travail dépasse la demande ce qui va conduire à une hausses des salaires si les patrons souhaitent trouver des spécialistes peu importe s’ils viennent du pays ou de l’étranger “.

Du côté des organisations d’employeurs, on estime au contraire, que les revenus dépassent de loin la productivité. Bojidar Danev, président de la Chambre bulgare de commerce et d’industrie a déclaré : „Nous avons observé l’année dernière des opportunités exceptionnelles pour l’économie bulgare, mais malgré cela nous avons enregistré une croissance du PIB assez modeste “ – souligne-t-il. La chute des prix des hydrocarbures de presque 50% a été un de ces facteurs favorables surtout pour l’économie bulgare qui est gourmande en d’énergie. Les conflits armés au Proche Orient ont amené à un essor de l’industrie militaire. „Il y a pour cette année de la lumière dans le tunnel et elle concerne la restructuration sérieuse des exportations bulgares “ – estime Bojidar Danev. Et de poursuivre:

„En général, nos exportations sont surtout des matières premières – des combustibles, du blé, des métaux, des alliages, etc. C’est pour la première fois que les exportations de constructions mécaniques arrivent en première place, suivies par l’industrie électrique et la production de marchandises à plus grande valeur ajoutée. Malheureusement, la productivité a augmenté ces dernières années d’à peine 1.3% au moment où la croissance des revenus a été  de 7-8%, c’est-à-dire que les revenus dépassent de loin la productivité “, estime le représentant des employeurs.

Version française : Vladimir Sabev