A Sofia s’est déroulé un Forum économique bulgare axé sur les défis que la Bulgarie doit relever pour pouvoir rejoindre la zone euro. La discussion a donné lieu à de nombreuses interventions et a posé de multiples questions dont celle de la réticence des leaders européens à faire accéder la Bulgarie au mécanisme ERM-2, qui n’est autre que mécanisme de taux de change européen, préparant les pays non-membres à passer à l’euro. D’après l’économiste Guéorgui Ganev, les problèmes internes à l’union monétaire doivent être réglés, avant de procéder à son élargissement à de nouveaux membres.
Formellement, la Bulgarie a rempli tous les critères économiques pour passer à l’euro, et l’on sait que le séjour dans l’antichambre de la zone ERM-2 dure au moins deux ans. De l’avis de Guéorgui Ganev, les prix en Bulgarie ne devraient pas exploser après la disparition de la monnaie nationale, le lev. Mais encore…
„Les points positifs de l’entrée dans la zone euro se résument en une baisse du coût des crédits pour les sujets économiques bulgares, pour les ménages et les entreprises, et par une hausse des échanges avec les partenaires de la zone euro. Bien sûr, les frais des transactions réalisées baisseront, tout comme diminuera le risque monétaire pour les entreprises étrangères qui oublieront les taux de change. Pour ce qui est des éventuels inconvénients de l’entrée dans la zone euro, ils sont quasi inexistants pour la Bulgarie, qui n’a pas à craindre la perte de sa souveraineté monétaire. Tout ce qui concerne la zone euro à travers le monde, impactera, il va sans dire, la Bulgarie, mais encore une fois, il n’y a pas de risque de perdre sa politique monétaire nationale. S’il y a un autre inconvénient, c’est celui de l’engagement éventuel de la Bulgarie de participer au financement de situations de crise qui pourraient affecter d’autres pays. Il y a aussi la crainte de voir le pays succomber démesurément aux crédits, que ce soit l’Etat, les ménages ou les entreprises, à cause de leur accessibilité facile. Dans ce cas-là, on se retrouverait dans la spirale du surendettement que connaissent la Grèce, le Portugal et l’Espagne. Sur ce point, je suis plutôt sceptique, car la hausse des crédits des ménages et les entreprises bulgares n’a rien de mal, pour peu qu’elle soit raisonnablement gérée. Je voudrais quand même noter à regret que ni le ministère des Finances, ni la Banque centrale, ne souhaitent aborder publiquement la question de l’entrée de la Bulgarie dans la zone euro. »
D’après le président du Forum économique bulgare Guéorgui Tabakov, le passage à l’euro comporte beaucoup plus d’atouts que d’inconvénients et il ne faut pas retarder l’engagement des procédures requises. A preuve, le fait que dans les pays de la zone euro, les contribuables payent deux-trois fois moins cher leurs emprunts que les Bulgares dans les conditions du conseil monétaire. S’il y a des risques pour l’économie de l’Europe et pour l’union monétaire, ils se résument en deux mots : instabilité et populisme.
Les participants au Forum économique bulgare ont aussi évoqué l’impact du processus d’adhésion à la zone euro sur les différents secteurs - les finances publiques, les institutions bancaires, la formation des prix, le budget des ménages, le marché du travail, les investissements directs, le tourisme, l’énergie, les importations et les exportations. Ils sont revenus sur l’expérience de la Lettonie, la Lituanie et la Slovaquie. Les trois experts issus de ces pays ont été formels - sans un consensus politique national, il sera impossible de faire face aux vents contraires et de faire accepter par la société le remplacement de la monnaie nationale par l’euro. Accéder à la zone euro demande en premier lieu une stabilité politique garantie, mais aussi une puissante campagne de sensibilisation et d’information, sans oublier les préparatifs sérieux engagés dans le secteur bancaire et les milieux d’affaires en général. Toujours est-il que les experts des trois pays ont encouragé la Bulgarie à rejoindre la zone euro.
Le Forum économique bulgare a aussi consacré une grande partie de ses discussions à l’environnement dans lequel évoluent les PME et aux possibilités de développement, aux différentes formes de financement, à l’avenir des importations et des exportations.
Version française : Sonia Vasséva
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