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L’économie bulgare poursuit sa croissance même sans investissements étrangers

Selon les dernières données officielles, la croissance économique de la Bulgarie est de 3.5% pour cette année 2016 alors que les investissements étrangers directs enregistrent une chute spectaculaire de plus de 21%. Le taux de croissance ne coupe peut-être pas le souffle mais place le pays à la deuxième position en Europe où le niveau moyen s’élève à 1.8%. Le taux bulgare est d’autant plus impressionnant dans le contexte des volumes extrêmement bas des investissements étrangers en Bulgarie – un peu plus de 600 millions d’euros. Et malgré tout la balance des payements de la Bulgarie reste positive à hauteur de 400 millions d’euros et on estime qu’à la fin de l’année le déficit budgétaire sera zéro. Le plus d’investissements étrangers sont venus des Pays—Bas, un pays petit mais puissants du point de vue économique, suivis du partenaire économique et commercial N°1 de la Bulgarie le colosse allemand et, à la troisième place, la Grèce voisine qui croule sous des dettes astronomiques. En ce qui concerne cette dernière, sa troisième place est un peu étrange mais ce n’est qu’une nouvelle preuve de la fuite de capitaux et de sociétés grecques qui essayant d’échapper aux mesures draconiennes fiscales et de profiter des impôts avantageux en Bulgarie – on mentionne le chiffre de plusieurs dizaines de milliers de compagnies grecques qui se sont installées pour ces raisons en Bulgarie. Et encore quelque chose de curieux par rapport aux investissements étrangers en Bulgarie. 10% de ces investissements ont été dirigés vers l’immobilier et ici la palme avec une grande avance revient aux Suissesfortunés.

Apparemment tous ces chiffres ne semblent pas très logiques et sont plutôt contradictoires – une petite économie ne disposant pas de beaucoup de capitaux propres comme celle de la Bulgarie ne devrait pas croître sans les investissements étrangers. De plus, sans des flux financiers de l’étranger, la balance des payements devrait être négative et le budget aurait dû être déficitaire. C’est ce que nous apprend la théorie, mais la pratique et la vie réelle en Bulgarie nous fournissent des preuves que les lois et les règles économiques fonctionnent de la manière dont elles sont appliquées par les hommes, elles dépendent de leurs compétences et de leurs capacités de les mettre au service de la nation. On en vient justement à la politique. A tout cela on devrait ajouter l’environnement international favorable dans lequel évolue l’économie bulgare – en effet, tous ses principaux partenaires économiques et commerciaux de l’Union européenne sont en phase de croissance et cela ne fait qu’augmenter la demande de marchandises et de services bulgares.

Ce phénomène possède un très important aspect du point de vue des investissements étrangers. Premièrement, dans les conditions de croissance économique dans leurs propres pays, les investisseurs potentiels préféreront naturellement placer leur argent à domicile pour de nombreuses raisons psychologiques, juridiques, économiques, culturelles et purement humaines. Cela pourrait en partie expliquer les flux minimaux de capitaux étrangers vers la Bulgarie. Mais c’est justement ici le moment de voir le problème dans une autre lumière. Il a toujours été dit que l’économie bulgare est une économie très ouverte, c’est-à-dire très sensible et dépendante des conditions sur les différents marchés internationaux. Mais cela signifie aussi que cette ouverture a permis à tous les intéressés de venir en Bulgarie et de s’y installer profitant de l’hospitalité économique bulgare. Et pas mal de compagnies en ont profité. D’autant plus que la Bulgarie est passée par une période de transition d’économie d’Etat centralisée et planifiée à une économie de libre marché sans pour autant disposer des capitaux nationaux légaux nécessaires pour privatiser les entreprises d’Etat. C’est justement à ce moment-là que les entreprises bulgares les plus grandes, les plus efficaces et les plus modernes sont passées aux mains des étrangers, les banques y compris. Et avec quelques rares exceptions elles sont toujours là. De grandes compagnies, de grands employeurs qui provoquent parfois de grands problèmes. Mais rien dans ce monde n’est seulement blanc, ou seulement noir, il y a des millions de nuances. Certains de ces grands investisseurs étrangers ont été accusés d’être des compagnies off-shore et de ne pas payer des impôts dans le pays, un groupe de grandes chaînes mondiales de distribution de carburant a été soupçonné de cartel des prix, d’autres ont été attaqués pour n’avoir pas respecté les exigences du Code du travail ou des normes de pollution.

Quoi qu’il en soit, la politique officielle bulgare encourage les investissements étrangers et cette politiques dispose d’ instruments bien concrets et pratiques – construire par l’Etat les infrastructures pour la future usine, par exemple, payer pendant un certain temps les cotisations sociales des employés de l’investisseur étranger, etc.

Une croissance économique enviable et de faibles investissements étrangers – telle est la situation en ce moment. Toujours est-il que les experts considèrent que nous sommes à la veille de changements progressifs dès l’année prochaine. En effet, on estime que l’économie bulgare a atteint son pic et qu’elle devra commencer peu à peu à ralentir son taux de croissance. Quels seront les effets sur les flux de capitaux étrangers qui dans ces conditions deviendront de plus en plus convoités ? Il serait prématuré de donner des réponses à cette question, d’autant que nous sommes au début de plusieurs mois d’incertitudes politiques jusqu’aux prochaines législatives anticipées, suivies de la constitution d’un nouveau parlement et de la formation, enfin, d’un nouveau gouvernement.





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