Le projet de recherche « Les Thraces – genèse et développement ethnique, identités culturelles, interactions de civilisations et patrimoine de l’Antiquité » est la première entreprise scientifique d’envergure qui étudie l’ensemble de l’héritage historique des Thraces en Bulgarie. Y participent 27 unités de recherche de l’Académie bulgare des Sciences (ABS), des chercheurs du Canada, Italie, Allemagne, Japon et Suisse.
Le directeur du projet est Stéphane Vodénitcharov, président de l’ABS, les sponsors sont essentiellement des particuliers patriotes, car l’Etat n’a pas manifesté de l’intérêt pour y participer. Les thèmes recouverts par le projet sont très variés : le fond génétique, les données acoustiques des sites sacrés, les rituels religieux, l’exploitation minière et la métallurgie, les animaux sauvages et domestiques, etc.
Selon le prof. Valéria Fol du Centre de thracologie auprès de l’ABS, les Thraces disposaient de différentes races de chevaux domestiqués. Des recherches en cours étudient les ossements du lion balkanique, alors que les études sur le fond génétique recouvrent une période du néologique au Moyen Age. Les vestiges humains sont relevés sur des sites sacrificiels. On sait que sur le territoire de la Bulgarie il y a environ 60 000 nécropoles et sanctuaires, dont seulement 1500 ont étés étudiés.
Il y a quelques jours le Musée ethnographique de l’ASB a inauguré une exposition sur les objets votifs, organisée par l’Institut d’ethnologie et folkore de l’ABS. Les offrandes votives sont effectués dans le but de combattre une maladie, de conjurer le mauvais sort, d'accompagner le défunt dans son tombeau, d'honorer une divinité, avec ou non des inscriptions dédicatoires. Ces objets accompagnent une demande faite à une divinité. Ces coutumes héritées du paganisme sont été reprises plus tard par le christianisme, ce que nous explique Iglika Michkova, commissaire de l’exposition.
« Chez les orthodoxes, des objets ex-voto se font pour de nombreux saints, comme par exemple devant l’icône de la Vierge, qui est considérée comme protectrice de la famille, du foyer et de la maternité. Les objets votifs sont fabriqués à la demande du croyant qui adresse une demande ou veut remercier le saint. Ce sont souvent des figurines féminines avec des mains croisées sur le ventre. Encore récemment dans un village en Bulgarie centrale se pratiquait un ritе peu orthodoxe. Une balançoire votive en or, fabriquée par un orfèvre de Panagurichte était offerte aux femmes qui souhaitaient tomber enceinte. Chaque femme qui a ce vœu doit passer une nuit avec cet objet ».
Dans les églises ou à la maison, si on a par exemple un vœu lié à la santé des enfants; on fait un dépôt votif devant l’icône de Saint Stilian. Si le croyant a des soucis avec la santé de ses animaux domestiques, il fait un dépôt devant Saint Haralampi.
Dans la région de Haskovo, il y a des villages où les plus anciens se souviennent encore des objets votifs, qu’ils appellent « des figurines », continue Iglika Michkova.
« Les figurines étaient conservées dans les églises. Si quelqu’un tombe malade, il prend l’objet votif à la maison et passe la nuit attachée à cellui-ci. Par exemple, l’objet peut être attaché à une jambe malade. Le malade espère la guérison ».
Dans la région de la Strandja, des objets votifs sont cousus sur les chapeaux des enfants. Un tel objet peut comporter une partie de la squelette d’une chauve-souris ou les yeux qui protègent l’enfant et portent bonheur. En effet, en bulgare « prilep » signifie « coller », ce qui devient une métaphore pour attirer ou « accoler » à soi la chance et le bonheur.
« Lorsqu’un homme ou une femme éprouve des sentiments amoureux envers quelqu’un et veut du répondant, il commande à un orfèvre de fabriquer la figurine qui correspond à cette demande. L’objet votif doit passer 40 jours dans une église, ensuite la personne le porte attaché autour du cou. C’est une sorte de magie qui doit exaucer le vœu. Ensuite, l’objet est déposé devant l’icône protectrice de la maison ».
L’exposition « Objets votifs » est à voir jusqu’à février 2017.
Version française : Miladina Monova
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