"La voix de l’Espagne" – Monserrat Caballé –  sa puissante voix et son charisme extraordinaire ont fait vibrer la salle N°1 du Palais National de la Culture. A ses côtés sa fille Monserrat Marti et le ténor Jordi Galan, accompagnés par les virtuoses du Symphonique de la Radio Nationale Bulgare ont offert aux mélomanes un spectacle inoubliable. Dès qu’elle ouvre la bouche plus rien ne compte, on ne pense plus à son âge, ni à sa santé, qui n’est plus au top. C’était la troisième fois que la grande cantatrice venait en Bulgarie et elle a prouvé une nouvelle fois la force de son amour de la musique et la fusion de l’artiste et de son art. Le public a été envoûté par les airs d’opéra, prologues, duos et préludes, et noblesse oblige l’incontournable zarzuela, genre lyrique et théâtral proche de l’opéra, le label espagnol par excellence. Le chef d’orchestre, maestro Ricardo Estrada a dirigé d’une baguette magique une de nos plus prestigieuses formations symphoniques. Le public bulgare a eu l’immense plaisir et l’honneur d’admirer une nouvelle fois une des dernières divas, que les critiques comparent à Maria Callas. Le 20 avril 1965, Monserrat Caballé incarne Lucrèce Borgia au Carnegie Hall de New York, rôle qui la propulse au firmament des stars. Immédiatement suit une invitation pour chanter au Metropolitan Opéra dans l’opéra Faust de Gounod. Son duo avec Freddy Mercury « Barcelona » la fait sortir de son emploi de cantatrice et du bel canto pour la révéler au grand public dans le monde entier. Elle a chanté dans Madame Butterfly, la Princesse Turandot, la Tosca, Gianni Schicchi de Giacomo Puccini; dans Le Trouvère de Giuseppe Verdi, la liste est longue. Les ténors les plus célèbres et les plus adulés Luciano Pavarotti, Placido Domingo et bien d ‘autres encore ont été ses partenaires sur les grandes scènes lyriques.

Quelques heures à peine avant le concert Monserrat Caballé a évoque pour nous certaines de ses idées sur l’art et sur la vie:

"Mon travail demande de la volonté et beaucoup d’efforts. J’ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même, de répondre aux attentes aussi bien du public qu’aux espoirs des auteurs des œuvres que j’interprète. Ne pas le faire serait leur mentir et les offenser. Il faut accepter avec amour ce qui nous arrive. On doit donner de l’amour, et avant tout à ceux qui ne nous en donnent pas. On est sur Terre pour cela, pour aider les autres et non pas pour vivre pour soi." – Et pour ce qui est de ses souvenirs à elle, et de sa longue carrière, la diva ajoute que son époux lui répète souvent d’écrire un livre sur sa vie, mais qu’elle lui répond invariablement qu’elle n’est pas sûre de pouvoir le faire. Car les souvenirs se traduisent par des mots, non pas par des blanches et des noires."

La grande dame de la musique lyrique, vue par maestro Ricardo Estrada :

„L’histoire de l’opéra compte des voix sublimes, mais il y a un degré supérieur et il est réservé aux élus. J’estime que Monserrat est au-dessus de tous, elle est au pinacle, parce qu’elle a toujours servi les compositeurs et les styles, elle leur est toujours restée fidèle. Elle est un Ange.“

Version française Roumiana Markova