Dans sa première déclaration publique devant les médias bulgares après le coup d’Etat manqué en Turquie, l’ambassadrice de Bulgarie à Ankara Nadejda Neynski a souligné plus d’une fois que ce qui compte plus que tout c’est que la Turquie reste un pays stable, pour ne pas entraver l’application de l’accord de réadmission des migrants passé avec l’Union européenne. Car si la Turquie basculait dans la spirale de la violence et des répressions, elle ne pourrait être considérée comme un pays sûr pouvant accueillir des réfugiés, au regard de la législation européenne.
Suivant scrupuleusement les consignes de Sofia, notre ambassadeur en Turquie s’est abstenu pendant et après le coup d’Etat de faire des déclarations et de donner son avis que les évènements qui ont bouleversé notre voisine du Sud. Deux semaines plus tard, Nadejda Neynski n’a fait que répéter les propos de Boyko Borissov qui au lendemain du coup d’Etat manqué a déclaré que si la Turquie était déstabilisée, la Bulgarie serait le premier pays sûr pour les migrants à qui elle serait obligée de donner refuge. Et si le discours est le même à deux semaines d’intervalle, c’est que la Bulgarie considère que la situation reste grave et qu’il faut rester vigilent et prudent…
Surtout que ces derniers jours, la Turquie a plus d’une fois déclaré que la « transaction » avec l’Union européenne sur la réadmission des migrants sera dénoncée, si cette dernière ne levait pas les visas pour les ressortissants turcs qui souhaitent voyager en Europe. Ce qui n’a pas empêché le commissaire européen Dimitris Avramopoulos d’assurer que la Turquie s’en tiendrait à ses engagements et qu’il n’y avait aucune raison de changer quoi que ce soit dans la politique à l’égard de ce pays…Qui faut-il croire ?...
L’inquiétude qui plane actuellement sur l’Europe, c’est que si les droits de l’homme ne sont pas respectés en Turquie et que les personnes impliquées dans le coup d’Etat manqué ne sont pas jugées correctement et dans le respect des normes de la justice, l’Union européenne opposera un NON à la demande d’Ankara sur les visas. Or, des violations des droits de l’homme ont été observées, ce qui explique les réactions radicales de certains pays européens, comme par exemple l’Autriche, dont le ministre des Affaires étrangères, Sebastian Kurz a appelé l’Union européenne à réfléchir sur une alternative à l’accord avec la Turquie sur les migrants. Une sorte de plan B, préconisé par Vienne, qui commencerait pas un renforcement de la sécurité des côtes et des frontières terrestres et l’orientation des migrants vers des centres de rétention avant leur renvoi dans leurs pays d’origine ou dans des pays de transit sûrs.
Les craintes de Sofia sont aussi liées à une montée de la pression migratoire à nos frontières et au regain d’activité des filières de passeurs. A ce propos, la ministre de l’Intérieur, Roumiana Bachvarova a décidé de créer une nouvelle structure de lutte contre le trafic de personnes. D’autre part, la Bulgarie attend un renfort de 60 officiers polonais et un soutien logistique important de la part de l’agence FRONTEX, pour resserrer le contrôle aux frontières. En attendant, une bonne nouvelle est arrivée du côté de la Serbie, qui annonce une baisse du flux de migrants depuis la Bulgarie alors que la Grèce enregistre un afflux de demandeurs d’asile, concentrés surtout aux frontières avec la Bulgarie et la Macédoine. Bref, les nouvelles vont vite et elles changent tout le temps…
Version française : Sonia Vasséva
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