Du 19 au 27 juin en Crète se déroule le Concile panorthodoxe, mais sans la participation des Eglises bulgare, russe, géorgienne, arménienne et d’Antioche. En effet, le Saint synode de l’église orthodoxe bulgare (EOB) a décidé de ne pas assister à cet évènement historique, qui réunit pour la première fois depuis 1000 ans toutes les branches de l’orthodoxie. Le refus pose la question de savoir s’il n’y aurait pas de sanctions, y compris pour schisme. Cette décision a suscité un vif débat dans le milieu des croyants et les « pour » et les « contre » ce sont confrontés. Pour RBI nous avons recueillies les arguments des deux camps.
Le Métropolite Antoni est à la tête des éparchies de l’Europe occidentale et centrale et il soutient la décision du boycott du Concile panorthodoxe en Crète.
« L’Eglise orthodoxe bulgare a participé à l’organisation du Concile en Crète et jusqu’au dernier moment nous attendions plus de clarifications sur le règlement de déroulement des réunions et du vote. L’Eglise bulgare depuis des années a ses propres demandes et nous voulions qu’elles soient adressées lors des discussions. Il faut reconnaitre que se tenir à un ordre du jour rédigé les années soixante-dix du siècle dernier n’est pas approprié, car les temps ont changé. L’Eglise bulgare doit tenir compte des demandes des fidèles qui veulent conserver la tradition orthodoxe telles qu’elle a été transmise par notre église. Etant donné qu’il a été décidé qu’il ne faut rien changé au programme et que de fait nous ne pouvons pas défendre l’avis du St Synode, nous avons pris la décision de ne pas participer au Concile. Je pense que notre participation aurait été juste un acte de présence, sans la possibilité de changer quelque chose ».
Les critiques de la décision du St Synode qui viennent de théologiens et enseignants en théologie, avancent que cette position est le résultat de l’influence forte que l’Eglise orthodoxe russe exerce sur l’église bulgare.
« Il y a autant d’opinions que de fidèles, réplique le métropolite Antoni, et le fait que certaines de nos positions coïncident avec celles de l’église russe, arménienne ou d’Antioche ne signifient pas que quelqu’un enfreint la souveraineté de l’autre. Au contraire, lorsque les points de vus sont les mêmes cela signifie qu’il y a de bonne raisons. Ce Concile n’a pas été reconduit depuis 13 siècles et nous pensons que s’il doit se dérouler en la présence de tous, c’est à condition de s’y préparer bien et d’accepter de débattre des questions qui concernent l’avenir de l’Eglise orthodoxe en général. Nous n’acceptons pas d’être considérés comme faisant du sabotage à cet événement attendu depuis 13 siècles. Au contraire, si on a attendu 13 siècles, on aurait pu attendre encore un an pour se préparer comme il faut ».
Le célèbre théologien Dilyan Nikoltchev, professeur à la Faculté théologique de l'Université de Sofia "St. Kliment Ohrid", représente ceux qui s’opposent à la décision du Saint Synode. Il répond aux inquiétudes de tous ceux qui craignent que l’Eglise bulgare encourt le danger de graves sanctions.
« Pour parler d' un schisme, au sens propre, il doit y avoir d’abord une procédure de sanctions appropriées, explique D. Nikoltchev. Il reste à voir si, lors du Concile panorthodoxe, les participants vont prendre une telle décision. Ce serait plutôt des rappels à l'ordre qui dans le droit orthodoxe sont constructives ».
Pour le théologien, en ce moment il y a des symptômes de crise dans l’Eglise orthodoxe bulgare et les raisons en sont politiques. Le fait de renoncer à la participation au Concile de Crête est le résultat d’une politique d’auto-isolement. Pourtant, les règles sont claires et catégorique : tous les évêques doivent participer à ce sommet de l’orthodoxie, sauf en cas de maladie.
Selon D. Nikoltchev, la décision de l’église bulgare est influencée par l’Eglise russe. Par conséquent elle n’est pas purement ecclésiastique. Il s’inquiète de cette dérive et demande au Saint Synode de revoir en profondeur ses positions vis-à-vis de l’interventionnisme russe agressif. Il pense que ce n’est pas l’Eglise russe qui est directement coupable de ces politiques, mais l’Etat russe, qui l’utilise pour ses ambitions géopolitiques. « Dans l’ensemble, l’Etat russe veut étendre son influence mondiale dans tous les domaines – économique, politique, culturel et nous sommes témoins d’une offensive qui passe par la voix de l’église », conclut le professeur Dilyan Nikoltchev.
Version française : Miladina Monova
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