Nous célébrons le 24 mai la fête la plus lumineuse dans l’histoire séculaire des Bulgares, journée de fierté nationale et de reconnaissance éternelle à l’égard des deux saints frères Cyrille et Méthode qui, au 9e siècle, ont inventé pour nous, cet alphabet qui n’a rien de l’alphabet latin pas plus que de celui des Grecs, une écriture unique, élaborée et épurée à la fois, quintessence de la soif de connaissance, de la simplicité de l’expression et de la profondeur des mots et de leur signification multiple… Et justement ces mots deviennent facilement les paroles d’un grand nombre de chants traditionnels, qui enrichissent le folklore de notre pays.
Disons que la fête des Saints frères Cyrille et Méthode est célébrée par l’église dès le 11e siècle. C’est en 1851 à Plovdiv qu’elle entre officiellement dans le calendrier des fêtes bulgares, et c’est l’école de la paroisse qui organise un défilé de ses élèves en hommage aux deux saints frères. Créé par Cyrille – Constantin de son vrai nom et Méthode – deux frères originaires de la ville grecque de Thessalonique, l’alphabet slave jette les bases d’une œuvre d’évangélisation sans précédent qui vaut aux deux Apôtres des Slaves – comme on a l’habitude de les appeler, d’être proclamés, le 2 juin 1985, Protecteurs de l’Europe par le Pape Jean-Paul II. Et l’histoire a raison de leur rendre un si bel hommage, car un grand nombre de chansons sont consacrées aux lettres et aux mots, sans oublier les nombreux recueils de devinettes, dictons et autres proverbes, sublimant la sagesse de notre peuple. Pour résumer, nous pouvons dire que le livre est le symbole de la connaissance et de la science.
Il fut un temps où les instituteurs étaient hissés sur un piédestal et considérés comme des personnalités de première importance. Les premières écoles bulgares ouvrent leurs portes auprès des églises, et les premiers instituteurs sont des prêtres. Des hommes jeunes, bien éduqués, ayant fait des études en bulgare, en grec et en turc. Tel Nayden Guérov, écrivain, linguiste, ethnologue et fondateur d’une des premières écoles laïques, à l’origine des premières célébrations nationales en hommage aux frères Cyrille et Méthode.
« En sauvant l’œuvre des saints Cyrille et Méthode, la Bulgarie a mérité la reconnaissance et le respect non seulement des peuples slaves, mais aussi du monde entier. Et cette affirmation restera valable, tant que l’humanité reconnaît vraiment des notions de progrès, culture et humanisme »… nous avons emprunté ces mots au célèbre linguiste français et spécialiste de la langue bulgare le professeur Roger Bernard. Douze siècles après la création de l’alphabet slave, nous continuons à célébrer les « signes qui parlent », conformément à la traduction du nom de l’alphabet glagolitique.
Nous terminons par l’hymne des frères Cyrille et Méthode, sur une musique de Panayot Pipkov, un des fondateurs de la tradition professionnelle bulgare musicale. Les paroles sont de Stoyan Mikhaïlovski et sont publiées pour la première fois en 1892 dans la revue littéraire « Pensée ». La musique est composée en une quinzaine de minutes lors d’un cours à l’école et l’hymne devient tout de suite la mélodie préférée des élèves de Panayot Pipkov.
Récit : Sonia Vasséva
Crédit photos : Archives
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