Des thèses fort contradictoires circulent ces derniers jours en Bulgarie, relayant les propos de politiques et autres officiels qui exhortent le gouvernement à ériger une clôture le long de la frontière bulgaro-grecque, longue de plus de 400 km. Le premier ministre lui-même a laissé entendre que cette idée pourrait être retenue, mais que la clôture installée serait du genre barrière, c’est-à-dire un dispositif plus léger que celui, en barbelés, qui court le long de la frontière entre la Bulgarie et la Turquie. Bien avant Boyko Borissov, c’est le ministre de la Défense, Nikolay Nenchev qui a évoqué cette éventualité, sans pour autant entrer dans les détails pour des raisons de sécurité et de confidentialité. Dés déclarations dans ce sens ont été également faites par le président de la commission parlementaire aux Affaires intérieures, Tsvétan Tsvétanov. En clair, il ne s’agit pas de mots jetés en l’air ou formulés à la légère…
L’idée de la mise en place d’un dispositif de sécurité à la frontière entre la Bulgarie et la Grèce vient à un moment où le ministère de l’Intérieur annonce une diminution par deux du nombre des migrants clandestins interceptés à la frontière. Ainsi à peine 68 personnes sont entrées en Bulgarie la semaine dernière, contre 144 il y a 15 jours. Dans le même temps, le nombre des personnes ayant quitté de leur propre gré les centres d’enregistrement et d’accueil des migrants dépassé 300, soit deux fois plus que début mars. Depuis le début de l’année, à la frontière grecque ont été interpellés 134 migrants, contre 480 pour toute l’année 2015.
Equiper la frontière bulgaro-grecque d’une clôture irait à l’encontre de la position de départ du gouvernement bulgare qui considérait, il y a quelque temps, que de tels dispositifs de sécurité n’avaient pas lieu d’être aux frontières intérieures de l’Union européenne. Cela signifierait aussi que la Bulgarie n’a pas confiance dans la capacité ou l’aptitude de la Grèce de protéger sa frontière avec la Bulgarie. La situation paraît même paradoxale, on se méfie de la Grèce qui fait partie de l’espace Schengen et de l’UE, mais on a confiance en la Turquie qui ne fait pas partie de l’Union européenne.
Hier, la ministre de l’Intérieur, Roumiana Bachvarova a déclaré que la Bulgarie n’a aucune raison d’ériger une barrière avec la Grèce, cette dernière étant une frontière intérieure de l’Union, et que pour l’instant, le risque de pression migratoire était plutôt potentiel que réel. Qui plus est, la Bulgarie serait en contact permanent avec la Grèce sur le flux de migrants.
Sauf que les craintes et inquiétudes persistent…
Dans ses déclarations récentes, Boyko Borissov s’est lui aussi opposé aux nouvelles barrières et clôtures avec la Grèce, tout en ajoutant que les « citoyens voulaient que la frontière soit protégée ». Il pensait de toute évidence aux habitants de la petite ville de Kresna qui ont manifesté contre l’aménagement d’un centre d’enregistrement et de réception de migrants dans la région. Toujours est-il que les revendications des riverains n’ont pas empêché la Bulgarie de décliner les idées des pays du groupe de Višegrad sur une nouvelle clôture à la frontière avec la Grèce.
En attendant, la Bulgarie organise des exercices militaires avec la participation de la gendarmerie dans les zones frontalières avec la Macédoine et la Grèce et procède à la modernisation de l’aéroport « Bezmer » pour pouvoir accueillir des engins de transport stratégique…
Version française : Sonia Vasséva
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